L'Association des Centres nationaux des arts de la rue et de l'espace public exprime sa vive inquiétude quant à l'avenir de la création hors-les-murs, déjà bridée par le manque endémique de moyens et le renforcement des contraintes sécuritaires ces dernières années. Mobilisés depuis le début de la crise sanitaire pour accompagner les artistes, poursuivre l'activité et maintenir le lien avec le public et leur territoire, les 14 membres appellent à la mise en œuvre d'une politique volontariste pour un « Après-covid » soutenable, vivant et solidaire.
Depuis le basculement de notre monde au printemps dernier avec l’irruption de l’épidémie de la Covid-19 qui a ébranlé nos vies et nos droits, dont celui d’accéder à l’espace public, espace fondamental du lien social et du vivre ensemble, les Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public, à l’instar de tous les acteurs du monde de l’art et de la culture, tentent de surmonter la crise sanitaire.
Après la pluie d’annulations des festivals, des rendez-vous de saison, des événements professionnels, des projets de territoire etc., l’heure a été à la reconstruction, à l’invention et à l’expérimentation afin de rendre possibles nos retrouvailles hors-les-murs et de réveiller les imaginaires.
Résolus et combatifs, les Centres nationaux ont ainsi eu à cœur de replacer au premier rang de leurs impératifs la création artistique ; ils ont ouvert leurs lieux aux artistes, intensifié les périodes de résidence, agi en solidarité avec les équipes artistiques fragilisées par cette crise. Ils ont redoublé d’énergie pour recomposer des temps de rencontre avec les habitants au travers de rendez-vous inédits dans un élan positif et constructif sur chacun de leurs territoires.
Cependant, au cours de cette rentrée, il a été exigé de nos structures pourtant spécialistes de l’intervention dans l’espace public et malgré des protocoles d’organisation adaptés au contexte sanitaire, qu’elles se mettent en retrait, voire à l’arrêt. Dans ce contexte de réouverture pour le spectacle vivant, les créations qui auraient pu rencontrer le public et les professionnels n’ont pu voir le jour. Cette privation de nos espaces de jeu au travers d’interdictions subies en dépit des précautions de santé publique proposées, a généré de l’incompréhension, de l’inquiétude et des protestations qui se sont exprimées de plus en plus furieusement. Aussi, aujourd’hui, à nouveau privés de rencontres et plongés dans l’incertitude, il nous paraît crucial d’alerter concernant la menace qui pèse sur les valeurs fondamentales de nos pratiques de l’espace public et de rappeler l’urgence de créer un horizon pour notre secteur.
Nos Centres nationaux et les actes artistiques qu’ils portent constituent l’une des ossatures du secteur des arts de la rue dont notre pays tire sa renommée dans le monde et dont il a le plus grand besoin pour l’avenir car l’espace public peut permettre de reconquérir de l’espace social tout en tenant compte des enjeux de sécurité sanitaire.
Aussi, alors que s’engagent des plans de relance, des mesures d’urgence et des états généraux des festivals, les Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public tiennent à rappeler qu’ils représentent une force essentielle de par la diversité des projets artistiques et culturels de territoire qu’ils incarnent et des formes inédites d’actions publiques qu’ils proposent.
À l’heure où tombe brutalement l’annonce de la disparition de La Paperie en Pays-de-la-Loire, dans un contexte d’affaiblissement général des moyens des Centres nationaux, en raison notamment des contraintes sécuritaires auxquelles s’ajoute l’impact des mesures sanitaires actuelles, ils résistent. Ici, maintenant, conscients des conséquences dramatiques de cette épidémie, ils sont prêts à mener un travail prospectif et à agir afin de donner à la création artistique en espace public sa juste place dans une période où la fermeture de l’espace public et la peur de l’autre mettent à l’épreuve la société toute entière.
Et demain ?
Les Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public attendent des actes forts qui prennent en compte la réalité de leur situation et sont déterminés à œuvrer ensemble, avec les artistes et les habitants, avec les ministères de la Culture, de l’Intérieur, et les collectivités, pour un «Après Covid» soutenable, vivant et solidaire pour la création en espace public.
L’Association des Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public, le 23/11/2020.
Atelier 231, Sotteville-lès-Rouen
Éclat, Aurillac
L’Abattoir, Chalon-sur-Saône
La Paperie, Angers
Le Boulon, Vieux-Condé
Le Citron Jaune, Port-Saint-Louis-du-Rhône
Le Fourneau, Brest
Le Moulin Fondu, Garges-lès-Gonesse
Les Ateliers Frappaz, Villeurbanne
Lieux publics, Marseille
L’Usine, Tournefeuille
Pronomade(s) en Haute-Garonne
Quelques p'Arts…, Boulieu-lès-Annonay
Sur le pont, La Rochelle.