Dans le contexte d’état d’urgence, où la peur peu à peu verrouille la liberté, l’espace public doit être pluriel et partagé pour célébrer le plaisir de vivre ensem ble la démocratie plutôt qu’un terrain policier. L’expérience, le savoir-faire des artistes et des organisateurs mais aussi le dialogue entre tous les acteurs sont les clés d’une responsabilité partagée pour continuer de résister et d’inventer les formes de notre devenir commun.
Cet été, les manifestations d’arts de la rue ont eu à faire face à des exigences de sécurisation de plus en plus contraignantes, participant de la fragilisation d’un secteur, de ses emplois et de ses structures économiques ainsi qu’à une régression des libertés d’expression et de circulation. Dans cet espace public toujours plus policé et policier, nous nous devons d’être en première ligne pour la défense de ces libertés fondamentales.
La présence vive de tous les arts dans l’espace public est une réponse riche aux inquiétudes qui pèsent sur notre société. Conscient des enjeux démocratiques liés à l’espace public, chacun d’entre nous doit convaincre et expliquer la nécessité de résister à ce gouffre sécuritaire qui nous entraîne tous vers le fond. Il importe de réaffirmer la responsabilité partagée entre les professionnels (artistes, organisateurs), les élu.e.s, les représentants de l’État et les citoyens-spectateurs : l’espace public appartient à tous et il appartient à tous d’assumer les conditions des manifestations artistiques dans l’espace public. La prudence est certes de mise, mais elle va de pair avec le courage de s’émerveiller ensemble et celui de ne pas céder à ceux qui veulent propager la peur. Il faut reconnaître le savoir-faire des artistes des arts de la rue, spécialistes de l’intervention dans l’espace public. Le moment est venu de réinventer les politiques culturelles, notamment à partir des droits culturels.
À l’occasion des élections présidentielles et législatives, la Fédération nationale des arts de la rue entre en campagne pour promouvoir les valeurs qu’elle s’attache à défendre depuis sa création et la présence de la culture dans le débat public, car sans culture point d’humanité. Elle se saisit une nouvelle fois de Rue Libre ! pour le faire de façon festive et militante !
Ce mois-ci, une géante de fer, représentation de l’Art Est Public ! se déplacera en régions, semant les grains de la joie et de la désobéissance civile pour fertiliser les rues. En Nouvelle Aquitaine, en Occitanie et en Centre – Val de Loire, de Lyon à Rennes en passant par Paris, artistes et professionnels des arts de la rue inviteront les citoyens à rejoindre le cortège d’accueil, à jouer, crier, danser et célébrer l’espace public.
Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin de rassembler nos forces, nos expériences et nos savoir-faire pour qu’encore et toujours, l’art puisse s’épanouir en rue libre !