Actrice magnétique et délicate, Jeanne Candel est aussi une metteuse en scène à l’esprit buissonnier, une rassembleuse de complicités, sur la scène de ses propres spectacles comme dans la galaxie des compagnies associées à l’Aquarium, le théâtre qu’elle pilote en trio avec Elaine Meric et Marion Bois. Chercheuse à l’instinct, discrète autant que déterminée, elle mène une drôle de danse entre répertoire classique et écriture de plateau à plusieurs, où musique et théâtre dialoguent librement. Habitée par le deuil, le rêve et la mélancolie, traversée par la poétique des espaces, Jeanne Candel développe un univers d’humeur vagabonde, habité de fantômes, absolument ancré dans le présent et dont les origines semblent remonter à très loin.
C’est en jouant que Jeanne Candel est montée sur scène. Comédienne, elle a croisé sur sa route le metteur en scène hongrois Arpad Schilling qui lui donne le goût de la recherche et l’audace de développer sa force créatrice, mais aussi le maître polonais Krystian Lupa qui la ressource et encore beaucoup d’autres artistes. Des amitiés qui la nourrissent, tant la jeune actrice et metteuse en scène vit son art en collectif. C’est aussi en jouant avec des compagnons rencontrés dès les premières années de formation, que cette artiste du collectif commence, en 2010, à créer des spectacles qui s’inventent au gré d’expérimentations, bricolent les genres avec liberté, mélancolie et dérision. Au fil des années, s’affine et s’affirme le style Jeanne Candel : une capacité à faire naître de l’énergie du groupe et des matériaux du plateau un théâtre très vivant, dans un geste subtil qui pourrait s’apparenter au collage (gestes et textes) et à une écoute extrême de la présence des corps, en regard de références plus classiques. Un geste drôle, absurde et tragique où fusionnent musique, théâtre et danse, sans hiérarchie. Fortement inspirée par la poétique des espaces, Jeanne Candel est naturellement « tombée amoureuse » du Théâtre de l’Aquarium, « lieu de travail magique et précieux » dont elle s’est imprégnée dès son arrivée, en 2019, y arpentant les moindres recoins. Meneuse de bande, elle y a trouvé, avec ses deux codirectrices Elaine Meric et Marion Bois, des espaces et des formes pour rêver à plusieurs : à travers les compagnies associées, les résidences de création, les ateliers, la matériauthèque...