La compagnie Ici-même s'est imposée comme un objet artistique difficilement identifiable dans le paysage des arts dans l'espace public. Un peu à l'instar des Yes Men, Mark Etc et son équipe s'appuient sur une exploration approfondie de phénomènes urbains pour les subvertir et les interroger. Jouant d'une grande diversité de formes, de la scénographie monumentale au maniement expert des nouvelles technologies, ils mettent toujours leur virtuosité au service d'un travail politique de déconstruction de ce qui nous est imposé par les stratégies sans cesse renouvelées des marchés.
Scénographes, explorateurs de la ville, mystificateurs urbains : fondée par Mark Etc entouré de complices venus d'horizons divers, la compagnie Ici-Même joue des étiquettes autant qu'elle les déjoue. En près de vingt ans d'existence, elle s'est imposée dans le paysage des arts de la rue comme un électron libre. Issu de la recherche universitaire, son directeur, Mark Etc, définit Ici-Même comme créatrice de « chroniques du devenir urbain. »
Aussi différentes soient-elles dans leur forme, ses créations, dispositifs et interventions ont pour fil d'Ariane l'anticipation. Ici-même a initié une sorte de théâtre de science-fiction. Pas besoin, pour cela, d'imaginer d'improbables technologies ou des explorations planétaires : il suffit d'observer et de projeter les phénomènes de notre quotidien, légèrement décalés.
Porteur dès ses débuts d'une parole politique qui ne tourne pas au didactique, Ici-Même a débuté par ce qui ressemblait à d'aimables utopies urbaines, cachant des réalités peu avouables et bien moins aimables. Cela continue aujourd'hui par des constats assez cruels et implacables, mais qui ne virent pas pour autant au fatalisme ni au désespoir. Ici-Même se pose plutôt en vigie qu'en donneur de leçons, et l'imaginaire dystopique déployé par ses créations nous invite à observer et agir, politiquement, sur ce qui se passe, « ici-même » et maintenant.