Aller au contenu principal
Centre national
des arts du cirque,
de la rue
et du théâtre
Ouvrir / Fermer le menu principal Menu
  • ARTCENA
    • Le centre national
      • Missions
      • Conseil d'administration
      • Conseil d'orientation
      • Équipe
      • Partenaires
      • Recrutements
    • Actions internationales
      • Circostrada
      • La France à la Quadriennale de Prague
      • Digital Leap
    • Charte Droit de cité
    • Réflexion et recherche
    • Informations pratiques
  • Services et accompagnement
    • Ateliers et évènements ARTCENA
    • Permanences et rendez-vous individuels
    • Espaces de travail et de réunion
    • Centre de documentation
    • Service de veille d'ARTCENA
    • Publications
      • ARTCENA-Le Bulletin
      • Guides pratiques
      • Modes d'emploi
  • Soutien aux auteurs
    • Aide nationale à la création de textes dramatiques
      • Fonctionnement du dispositif
      • Faire une demande d'aide
      • Palmarès de l'Aide à la création
      • Textes créés, textes à créer
      • Agenda des tournées des textes lauréats
    • Grands Prix de Littérature dramatique et Littérature dramatique Jeunesse
      • Présentation des Grands Prix
      • Palmarès des Grands Prix
      • Proposer un texte
      • Parcours pédagogiques pour les lycéens
    • Connect
    • Contxto
    • Auteurs en tandem
    • Auteurs soutenus
    • Textes lauréats
    • Annuaires des dispositifs de soutien aux écritures
      • Résidences d'écriture
      • Comités de lecture
      • Aides aux écritures contemporaines
    • Catalogue des traductions
  • Actualités de la création
    • Vie professionnelle
    • Agenda
    • Projets de création
    • Magazine
    • ARTCENA Replay
  • Guide du spectacle vivant
    • Environnement professionnel
    • Conception et écriture
    • Droit et administration
    • Création et production
    • Diffusion et médiation
    • Lexique
Outils
  • Annonces
  • Annuaire en ligne
  • Recherche documentaire
  • Repères
  • ARTCENA Juridique
  • Créer un nouveau compte
  • Réinitialiser votre mot de passe
  • Fr
  • En
  • Informations pratiques
  • Suivez-nous

Fil d'Ariane

  1. Accueil
  2. Actualités de la création
  3. Magazine
  4. Portraits
  5. Périne Faivre - les Arts Oseurs
  6. Juste, à la rue
  • PortraitsPérine Faivre - les Arts Oseurs
  • Un terreau sociologique
  • Convocation et inscription dans l’espace public
  • Les aventures satellites
Partager
+ Favoris
Imprimer
Date de publication02 juin 2022
Livret de famille © Vincent Vanhecke

Juste, à la rue

par Stéphanie Ruffier
Arts de la rue
ŒUVRE

Donner du sens au monde. Y participer. Laisser une trace. Entrer dans un spectacle de rue des Arts Oseurs, c'est questionner les liens sociaux. La compagnie défend une approche sociologique et une inscription dans l'espace public et les lieux non dédiés. Attachée à la déambulation, animée par le souci de la convivialité, elle alterne projets de territoire atypiques et grandes fresques en tournée nationale.

Un terreau sociologique


Du premier spectacle Au plaisir (2002) jusqu'à Héroïne (2021), l'œuvre des Arts Oseurs est parcourue par un souci de sonder les comportements humains et d'éclairer les mécanismes sociaux. Le premier est bâti sur des témoignages d'interviewés qui confient leurs pratiques sexuelles et leurs relations intimes. Le propos situe toujours la prise de parole : « Bonjour, on va vous parler de la sexualité, nous, Périne et Charlotte ». Une forme dialogique se met en place, à l'écoute de l'expérience de l'autre, et se poursuit dans le débat avec le public.

La distanciation est toujours présente sur le plateau où planent les ombres de Bourdieu, Brecht et Kantor. Chaque pièce met en effet en place un cadre et une adhésion à la fiction, exhibe la chose en train de se faire. Cette convention consentie est primordiale pour Périne Faivre : « Je ne crois pas en la fiction qui émergerait de nulle part ». Dans Les Tondues (2017), grande déambulation urbaine tentant de comprendre les épisodes d'humiliation publique des femmes accusées de collaboration au sortir de la Libération, la parole est nourrie par la thèse du chercheur Fabrice Virgili et les analyses féministes de Virginie Despentes. Des images et des documents d'archives égrainent le parcours et laissent des traces dans la ville sous forme de collages plastiques. De même, dans Héroïne, grande chronique judiciaire et auscultation du monde des tribunaux, la parole est subjective et située : elle provient du carnet de notes de l'artiste-enquêtrice qui a été témoin de nombreux procès. Cette figure de narratrice interne, souvent présente, est gage d'honnêteté intellectuelle.

Les Tondues, Festival d'Aurillac 2017

« Bourdieu, ce fut la révélation ! » À la fac, Périne Faivre raconte avoir découvert les schémas de reproduction sociale qui font perdurer inégalités et privilèges. Depuis, elle se passionne pour les travaux des Pinçon-Charlot sur les classes dominantes, l'œuvre et l'histoire des transfuges de classe : Didier Eribon, Annie Ernaux, Edouard Louis, Stéphane Beaud et Younes Amarani. Ses deux adaptations de l'œuvre de Magyd Cherfi dont Livret de famille (2012), une déambulation qui mime le parcours concret et symbolique d'un jeune de la cité vers le centre-ville, portent la trace de ce souci accordé aux mécanismes d'ascension sociale, aux difficultés rencontrées par les familles pauvres et/ou immigrées. Le grand monologue final des Tondues, sur le piano-échafaud, porte la trace de la socio-analyse de Périne Faivre. Issue de la classe moyenne, fille hétéro, blanche, « qui a fait des études mais pas trop », elle y ausculte son sentiment d'illégitimité quand elle porte l'histoire de femmes sorties de la norme. Un dévoilement émouvant des dessous et des doutes de la création.

Convocation et inscription dans l’espace public

« Une convocation politique et historique du corps social, c'est le grand projet qui sous-tend mes intentions ». Pour Périne Faivre, l'enjeu principal du théâtre de rue est de « faire rendez-vous », de tendre un miroir au peuple. Nombre des spectacles des Arts Oseurs se présentent comme des convocations.

Les Tondues © Jean-Pierre Estournet

Les Tondues s'ouvrent sur la réception d'un courrier qui bouscule le quotidien : trois lettres différentes, adressées au public, le scindent dans le sillage de trois personnages, tandis que Héroïne débute comme une véritable audience publique respectant les us et coutumes du tribunal. On se sent intensément impliqué dans des dispositifs scénographiques et dramaturgiques qui invitent à une réflexion collective sur l'Histoire de la France.
 

Dans le diptyque adaptant les deux récits du musicien d'origine immigrée Magyd Cherfi (Livret de famille (2012) et J'écris comme on se venge (2015)), sont envisagés la part sombre de la colonisation, les liens avec le Maghreb et la Françafrique. Il s'agit de mettre sur la place publique des questions qui démangent la société française, d'envisager le théâtre comme une agora cathartique. Cela peut passer par un parcours initiatique vécu ensemble, en déplacement (Livret de famille) ou dans une déambulation à géométrie variable (Les Tondues) qui, permettant d'adopter différentes expériences de la collaboration, réveille un passé refoulé, interroge le roman national et le corps sacrifié des femmes.

L'(in)justice et les oppressions constituent le leitmotiv de la compagnie. Dans Héroïne, cela prend la forme d'un grand tribunal à ciel ouvert, à l'illusoire transparence, qui nous immerge de façon réaliste dans la vie professionnelle d'une avocate. Le « spectacle » du monde judiciaire nous plonge dans ses paradoxes et ses limites : Où en est notre communauté soi-disant démocratique avec la justice ? Que se passe-t-il dans les palais où se jouent les procès ?

Livret de famille © Fabrice Paul Ranoux


Aussi l'inscription dans l'espace public parait-elle fondamentale pour parler à un public le plus large possible, dans des lieux où la communauté des citoyens se retrouve, se frotte, vit des émotions ensemble, fête ou révolte. Le choix de la déambulation apparaît souvent comme un moyen de brasser et malaxer l'assemblée des spectateurs, de l'impliquer physiquement, de changer de points de vue, d'entrer en contact, de jouer sur le lointain et la proximité, l'individu et le collectif… Chaque spectacle questionne ainsi le lieu dans lequel il se joue, car faire résonner architecture, sociologie et géographie est un enjeu central. Pour cette compagnie, le théâtre de rue aborde ce qui ne peut se jouer en salle : « Il s'agit de laver son linge sale devant et avec tout le monde : c'est notre linge sale commun et ça doit laisser des traces dans l'espace. »

Les aventures satellites

La Veillée de la soupe aux cailloux
© Marianne Capdeville

Si les grandes créations nécessitant des « équipes bulldozers » constituent le « tronc intellectuel » du répertoire de la compagnie, elle aime par ailleurs s'adonner à des formes plus réactives et légères, davantage liées au contexte et aux territoires. Sur des temps de création plus courts, celles-ci permettent de mettre en jeu d'autres artistes et chercheurs : « Je tombe amoureuse de tel artiste ou tel penseur, et je crée des duos éphémères, je tente des matchs de personnes qui ne se connaissent pas », explique Périne Faivre. S'inventent ainsi des formes qui épousent l'espace qui va les porter. Le Cabaret des portraits (2018), Les Veillées de la soupe au caillou (2017), Les Traversées (2020) font partie de ces projets qui misent sur le rassemblement, la convivialité et la proximité.

Paroles de Salagou (2009) par exemple, est né de la rencontre d’une association d’urbanisme, La Manufacture des paysages, et de l’intelligence collective (une concertation des habitants ruraux, natifs, néos, chasseurs…) autour de la célébration des quarante ans du lac. Accompagnée de la plasticienne Sophia Lindsay Burns, la compagnie interroge les scénarios de transformation de ce lieu, crée un carnet de voyage, recueille de la parole sur l’avant/après/pendant, témoignages qui fâchent un brin les politiques partenaires.

Le Cabaret des portraits © Virgile photographie


Le Cabaret des portraits répond à une commande de la scène conventionnée le Sillon qui souhaite mettre à l’honneur son public au cours d’un grand banquet. Ici, ce sont les artistes qui regardent les spectateurs. Quatre strates de portraits étaient offertes : écrits « à la fenêtre » par la compagnie la Bouillonnante, peintures par Moreno, photomaton de la Compagnie Nejma, et improvisation musicale de Renaud Grémillon au piano en association avec un batteur de jazz.

Les Traversées, nées du confinement, utilisent deux moteurs de la compagnie, à savoir la musique et le livre. Juchés sur leur piano mobile, Les Arts Oseurs traversent leur territoire, sans autorisation, rendent hommage aux citoyens en lutte : lycéens, soignants, gilets jaunes… Parfois, ils opèrent de nuit, jouent pour la chouette ou le caillou. C’est un « rituel d’empuissantement » collectif.

Les Traversées, à Salasc, 2020

Stéphanie Ruffier
Stéphanie Ruffier est professeure agrégée de Lettres et rédactrice spécialisée dans le spectacle vivant. Une rencontre impromptue avec le Théâtre de l’Unité l'amène à découvrir le Centre d’Art et de Plaisanterie, Scène nationale de Montbéliard, où elle se passionne pour les arts d...
Lire la suite
  • Annonces
  • Annuaire en ligne
  • Recherche documentaire
  • Repères
  • ARTCENA Juridique

Adresse

68 rue de la Folie Méricourt
75011 Paris

Contact

contact@artcena.fr

T / + 33 (0)1 55 28 10 10

Suivez-nous

S'inscrire aux newsletters

© ARTCENA 2022

  • Espace pro
  • Plan du site
  • RSS
  • Accessibilité
  • Mentions légales
  • Cookies