Scénographe, metteur en scène de théâtre, auteur de plateau… Comme il le précise souvent en guise de prologue à un entretien, Philippe Quesne n’était pas (ou ne se savait pas) prédestiné à la création de spectacles. Avant de créer simultanément en 2003 le Vivarium Studio et l’inclassable Démangeaison des ailes - qui portaient en germe les indices de son écriture plurielle -, il a pris le temps de venir à la scène avec un gros bagage de plasticien-scénographe, une vaste culture livresque et artistique, des amis musiciens, une bande d’interprètes vivants issus des règnes humains, végétaux et animaux… et ses chakras grands ouverts.
C’est avec un imaginaire tous azimuts que Philippe Quesne et ses compagnons de jeu ont démarré l’aventure du Vivarium Studio. Des termitières de Maeterlinck qui l’ont inspiré pour son diplôme aux Arts-déco, à ses dernières créations au Festival d’Automne en novembre 2023 (Fantasmagoria, Le Chant de la terre et Cosmic Drama), en passant par La Mélancolie des Dragons (2008), Crash Park, la vie d’une île (2018) Farm fatale, L’Effet de Serge (2007)…, Philipe Quesne déroute – offre des chemins de traverse - volontairement, avec des œuvres autant plastiques que théâtrales et des langages composites, musicaux, sonores et visuels.
Dans ses kaléidoscopes scéniques, et à l’usage de spectateurs égarés mais ébahis, il livre parfois quelques règles rassurantes : « commencer un spectacle par la fin du précédent. Ce principe de lancer une fable avec la fin de la précédente a souvent été repris par des journalistes, c’est un principe clair et rassurant… » Pour le reste, mieux vaut se laisser aller à ses propres rêveries pour savourer ses mondes utopiques.
Tels des Alices aux pays des merveilles ou des personnages largués dans un jeu de l’oie, les publics sont invités à compléter son œuvre ouverte (il cite volontiers Umberto Eco), à retrouver humour et âmes d’enfant, à poser un regard animiste sur des microcosmes multi espèces (en danger), à plonger dans des compositions multi sensorielles, où se télescopent fragments de textes, imagerie de l’histoire de l’art, musique électro rock, ralentissement du temps.... À faire vœu d’envol sans savoir où atterrir et pénétrer des paysages comme autant de vallées de l’étrange…