Jean-Michel Guy est ingénieur de recherche au ministère de la culture et de la communication (département des études, de la prospective et des statistiques). Il y conduit des études sociologiques, notamment sur les publics du spectacle vivant et du cinéma. Passionné de cirque, il est aussi l’auteur de Les arts du cirque en France en l’an 2000 (Chroniques de l’association française d’action artistique), de Avant-garde cirque ! Les arts de la piste en révolution (éditions Autrement, 2002), de nombreux articles critiques sur le sujet, co-auteur, avec Vincent de Lavenère et Eric Bellocq du livre Le chant des balles, jonglerie musicale (Editions de L’entretemps, 2004) et avec Philippe Ménard de la conférence spectacle Jongleur pas confondre (compagnie Non nova, 2004). Il a co-écrit, avec Charles Picq et Les Nouveaux Nez le film, Un rêve de cirque, réalisé par Charles Picq (2002), et conçu avec Julien Rosemberg, les DVD Esthétiques du cirque contemporain (2007) et Le nuancier du cirque (2010). Il enseigne l’analyse critique à l’École nationale des arts du cirque de Rosny sous Bois et au Centre National des Arts du Cirque. Cofondateur de La Scabreuse, il est co-auteur et metteur en scène des spectacles [ TAÏTEUL ] et La mourre. Il a également assité, pour l’écriture et la dramaturgie, Cahin Caha (pour Moby incarcéré), le GdRA (pour Singularités ordinaires), Géométrie variable (pour Dans la solitude des chants de coton... En rue), et Viola Ferraris (pour Nécessité fait l’oie).
Rédacteur Jean-Michel Guy Metteur en scène, théoricien
Du même auteur
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Les mille visages du cirque dans le monde
par Jean-Michel GuyPANORAMADans la représentation occidentale commune, le cirque est d’abord un genre de spectacle. D’aucuns le considèrent comme une forme accomplie, voire immuable et militent même pour son inscription, par l’Unesco, sur la liste du Patrimoine immatériel de l’humanité. Pour d’autres, sa nature artistique foncière le rend au contraire à jamais instable et inachevé. Du moins les uns comme les autres s’entendent-ils sur cette notion de « genre ». Or l’intensification mondiale des échanges, notamment via Internet, et la déconstruction des catégories engagée par le cirque contemporain, obligent à se départir de cette vision eurocentrée et à élargir la perspective, dans le temps et dans l’espace. -
Le cirque contemporain : la création pour ADN
par Jean-Michel GuyPANORAMAOn appelle couramment « cirque contemporain », depuis une quinzaine d’années, un courant artistique né en réalité il y a cinquante ans. Il serait d’ailleurs plus exact de le nommer « cirque de création » ou « cirque d’art », eu égard à cette ancienneté et à sa « marque de fabrique ». -
La diversification sans fin du cirque contemporain
par Jean-Michel GuyPANORAMAComparée à la diversité des œuvres littéraires, musicales ou cinématographiques, et des catégories dans lesquelles on a coutume de les ranger, celle des formes de cirque paraît encore pauvre. Mais avec la prolifération des spectacles, nécessairement originaux, elle va elle-même croissant. De manière quasi-exponentielle depuis 2006. -
La face cachée de la diversité
par Jean-Michel GuyPANORAMALa diversité du cirque n’est pas seulement une évidence avérée, c’est aussi un étendard politique. C’est en effet au nom du pluralisme des expressions, au moins autant qu’en vertu de sa popularité supposée, que les pouvoirs publics soutiennent cet art aujourd’hui. La notion ne va pas néanmoins sans quelque difficulté. -
Le cirque à l’épreuve du réel : le contexte socio-économique et politique
par Jean-Michel GuyPANORAMALe cirque s’est renouvelé dans les années 1970 à l’instigation des artistes eux-mêmes, sans la moindre intervention des pouvoirs publics : Annie Fratellini et Pierre Étaix, d’un côté, Silvia Monfort et Alexis Gruss, de l’autre, ont ouvert en 1974 les deux premières écoles de cirque d’Europe occidentale (celle de Moscou existait depuis 1928) pour apporter au cirque « du sang neuf » ; parallèlement d’autres artistes inventaient le nouveau cirque. Aujourd’hui la situation s’est pratiquement inversée : c’est grâce à l’intervention publique que le cirque se renouvelle. -
Du jonglage en amateur à la création d’univers baroques
par Jean-Michel GuyPARCOURSAuteur, interprète et metteur en scène, Nathan Israël a cofondé deux compagnies –La Scabreuse puis Le Jardin des délices- et créé, le plus souvent en collaboration avec d’autres auteurs, une douzaine de spectacles très singuliers. De cirque ? Sans doute, mais d’un genre qui mélange allègrement les arts et les registres. Ce qui l’y a conduit ? D’abord une solide formation comme porteur, danseur et jongleur, commencée en Belgique où il naquit en 1979, affermie au Centre national des arts du cirque (Cnac), et à vrai dire toujours en cours : n’est-il pas en train de travailler, pour le plaisir, son « sept massues » ? -
Scabreux délices : une esthétique de l’oxymore
par Jean-Michel GuyŒUVREC’est trop peu dire que les pièces de Nathan Israël sont hybrides, et de ce fait difficilement classables. Utilisant parfois le verbe, la danse ou la musique live, et diverses spécialités du cirque, elles entrechoquent surtout les styles, et poussent les contrastes jusqu’à l’oxymore : sale et propre, sacré et profane, tragique et comique, gracieux et monstrueux, opaque et transparent, bref tout et son contraire en même temps. Jongler nu, d’une manière langoureuse, avec un poulpe : ce n’est là qu’un exemple parmi des centaines de cette esthétique paroxystique, résolument troublante. -
Du lâcher-prise à la « non maîtrise »
par Jean-Michel GuyPROCESSUSNathan Israël et Luna Rousseau peaufinent leurs spectacles longtemps. Leur point de départ peut être un simple geste, une musique, un texte, le désir de travailler avec un ou une artiste en particulier, pas forcément un thème. Mais peu à peu l’œuvre se dessine par « imprégnation », la dramaturgie liant finalement une écriture en patchwork. Autres mots-clés, le déplacement et l’inconfort : comme méthode de travail et comme but, au service du lâcher-prise. Un objectif philosophique, nourri de clown, de buto et d’improvisation, guide toute la démarche artistique : ne pas maîtriser le regard de l’autre sur soi.