« Désirs d’ailleurs : polyphonies, hybridation et utopies », 4e acte des rencontres Traversées des mondes, 10 juillet 2019, après-midi.
Troie est en flammes. Enée fuit le désastre de la guerre perdue. Sans patrie, il erre sur les mers, accompagné du souvenir des morts, hanté par les fantômes, empêché par les volontés contraires des dieux. La colère et la haine de Junon soulèvent des tempêtes. Sybille lui ouvre la descente aux enfers et lui décrit l’avenir. Avec quelques troyens rescapés, il fondera une nouvelle cité, de l’autre côté de la mer, en Italie. Pour Maelle Poésy et pour Kevin Keiss, Enée est le héros des métamorphoses, de l’identité métissée, toujours en mouvement. Dans son monde, les dieux parlent avec les hommes, les vivants retrouvent les morts, le temps n’est plus linéaire, le passé, le présent et l’avenir se mélangent (Maelle Poésy et Kevin Keiss).
Pour les neurosciences aussi, c’est la mémoire qui nous permet de construire notre histoire de vie. Sans elle, nous n’avons ni passé, ni futur. Les souvenirs sont reconstruits à chaque évocation. (Pascale Gisquet)
La génétique raconte l’histoire des populations humaines et de leurs migrations. La diversité génétique reflète celle des cultures, des langues, des religions et des organisations sociales. (Paul Verdu)
La sexualité se transforme au gré des époques, sous l’influence des évolutions des savoirs, des représentations, des comportements, des politiques et des subjectivités. Depuis le milieu du XIXe siècle, son empire s’accroit, dans la société, dans les vies, dans les réflexions, mais aussi dans la littérature, le cinéma, les images. Cette extension est nourrie d’hybridation entre la sexualité normale, dominante et des formes de sexualités minoritaires. A travers elle, ce sont les métamorphoses de nos sociétés qui se dessinent et les effets de la circulation mondialisée des normes sociales. (Michel Bozon)
Ulysse arrive enfin à Ithaque. Certes, ses infidélités furent nombreuses durant ce si long voyage. Pour ce guerrier, ce conquérant, les prétendants qui font la cour à Pénélope méritent juste la flèche de son arc. La comparaison entre la littérature grecque et les récits africains montre comment le conte de prétendants est un motif à la fois commun à de nombreuses cultures et source de différentes adaptations. (Souleymane Bachir Diagne)
Si dans les récits de l’Antiquité la traversée des mondes rimait avec la Méditerranée, les voyages de la Renaissance agrandissent la mesure du monde à l’ensemble du globe. Cet ailleurs, permet au voyageur européen de regarder le monde d’où il vient, du point de vue du dehors, comme étranger à soi-même. Ce décentrement du regard est aussi suscité par ces nouvelles représentations que permettent les outils cartographiques : la Terre est vue depuis les cieux. Il devient alors possible de rêver de voyager jusqu’à la lune. (Thibault Maus de Rolley)
Au Ve siècle, dans une plaine du Forez, traversée de clairs ruisseaux, de prairies verdoyantes, de clairières ensoleillées... 293 personnages, mais surtout, un berger et une bergère : Céladon et Astrée. Après de multiples querelles, aventures, mésaventures et enchantements, Céladon et Astrée sont enfin unis dans l’amour. Le roman fleuve de l’Astrée raconte les manières de sentir et d’aimer de l’âge classique, mais il porte aussi la mémoire d’une religion d’avant la division et l’utopie de la construction de la paix après les cruautés des guerres de Religion. (Laurence Giavarini)