La nouvelle directrice se fixe comme objectifs d’être à l’écoute du territoire et de fédérer les publics.
Ayant réalisé l’essentiel de son parcours dans le Rhône – en tant que directrice des Affaires culturelles de la commune de Genas, de L’Atrium de Tassin-la-Demi-Lune et depuis cinq ans du Théâtre de Villefranche-sur-Saône – Amélie Casasole change de Département et de Région pour mettre le cap sur Nîmes, Ville dont elle salue le fort engagement en faveur de la culture. Équivalent en termes de volume de spectacles par rapport à celui qu’elle s’apprête à quitter, le Théâtre de Nîmes dispose toutefois d’un atout supplémentaire : deux salles aux jauges bien différentes (le théâtre Bernadette Laffont, pourvu d’un grand plateau, et le théâtre de l’Odéon, scène plus intimiste située dans un autre quartier), permettant donc de développer une offre diversifiée. C’est précisément ce qui a séduit Amélie Casasole, attentive dans chacune de ses programmations à alterner grandes formes fédératrices et propositions émergentes et très novatrices. « Un théâtre de ville doit s’adresser à tous. Car plus le public se sent concerné, plus il est enclin de temps à autre à effectuer un pas de côté en découvrant un spectacle qu’il ne pensait pas aimer », explique-t-elle.
Fidèle à ligne artistique du Théâtre de Nîmes, scène conventionnée danse qui depuis de nombreuses années promeut des chorégraphes confirmés comme des jeunes talents, la directrice continuera d’autre part à accueillir du théâtre classique et contemporain, avec une sensibilité particulière pour les auteurs dont les textes font écho aux problématiques sociétales et à l’actualité, de la musique (le Festival Flamenco, d’envergure nationale et internationale, sera pérennisé), du cirque – art, à ses yeux, intergénérationnel – et des pièces jeune public. Cette pluridisciplinarité sera également incarnée par l’une de ses artistes associées, Fanny de Chaillé, à la fois chorégraphe, metteuse en scène et performeuse, choisie en outre pour sa capacité à concevoir aussi bien des créations sur de grands plateaux que des productions adaptées à des lieux non-dédiés tels que les lycées et les universités. Elle sera rejointe par la chorégraphe toulousaine Marion Muzac, dont le travail régulier mené avec des danseurs amateurs satisfera un axe primordial de la nouvelle direction : intégrer les spectateurs au processus de création, afin qu’ils puissent s’approprier le projet artistique et culturel et y contribuer. « J’attends de ces deux artistes, que nous coproduirons et diffuserons, qu’elles soient force de propositions pour l’activité du théâtre, dans et hors les murs, et accompagnent cette volonté de toucher un large public », souligne Amélie Casasole.
Outre poursuivre et affermir la programmation en itinérance, la future directrice souhaite en effet multiplier les occasions de rencontre avec les habitants : imaginer des résidences et/ou des créations in situ à l’échelle d’un quartier, dans des établissements scolaires, médicaux et sociaux et même des entreprises, participer à des événements portés par des associations et des communes, et croiser les approches ; ainsi qu’elle le fit à Villefranche-sur-Saône, par exemple en organisant dans des caveaux des concerts suivis d’une dégustation de vins. « S’immerger dans la vie d’un territoire, être à son écoute et dialoguer avec lui est nécessaire pour susciter le désir de culture chez ceux qui en sont éloignés », estime Amélie Casasole. Elle entend par ailleurs privilégier l’attention à la jeunesse, très connectée au virtuel et qui a donc d’autant plus besoin de relations humaines et d’éprouver cette expérience, irremplaçable, du spectacle vivant. « La programmation dédiée aux enfants, aux adolescents et aux familles constituera évidemment un levier important. Mais cette démarche passera aussi par des actions culturelles, en collaboration avec l’Éducation nationale et les services Jeunesse de la Ville », ajoute-t-elle.
Ambitieuses, ces orientations s’inscrivent dans une perspective qui l’est tout autant : voir le Théâtre de Nîmes obtenir le label scène nationale. Si son cahier des charges actuel en respecte bien des critères, la nouvelle maîtresse des lieux préfère rester prudente. « Il faut laisser au projet le temps de se poser. Je pense que le ministère de la Culture, qui a reconnu la qualité du travail réalisé par mon prédécesseur, sera attentif à son évolution ces prochaines années », affirme-t-elle, voyant néanmoins dans la labellisation un défi très stimulant à relever. Bien que prenant ses fonctions le 1er juin 2023, elle s’y attellera dès la fin janvier, date à laquelle François Noël quittera les siennes. Car tout en achevant sa mission à Villefranche-sur-Saône, Amélie Casasole est d’ores et déjà appelée à programmer la seconde partie de la saison 2023/2024. Une excellente façon d’entrer dans le vif du sujet.