Durant deux ans, le site universitaire de Censier se transformera en un lieu aux multiples usages qui proposera également une programmation culturelle.
Dans l’attente de sa réhabilitation par l’Établissement public d’aménagement universitaire de la Région Île-de-France (EPAURIF), l’ancien campus de l’Université Sorbonne Nouvelle établi à Censier (Paris, 5e arrondissement) accueille depuis l’été 2022 un tiers-lieu baptisé Césure, porté par la coopérative Plateau Urbain, en collaboration avec Yes We Camp. Axé sur la transmission des savoirs et des savoir-faire, ce projet singulier rassemble sur 25 000 m2 180 structures différentes : une centaine œuvrant dans le domaine de la santé, de la solidarité, de l’écologie et de l’Économie sociale et solidaire (ESS) et 80 artisans, architectes, urbanistes, acteurs culturels et artistes, parmi lesquels le réseau européen Circusnext, la Compagnie 8 avril de Thomas Quillardet et la compagnie jeune public Tatoo. Choisies par Plateau Urbain, elles disposent de bureaux en contrepartie du versement d’un loyer modique qui aide à supporter les charges du lieu. Le site de Censier ayant été principalement dédié aux études cinématographiques et théâtrales, plusieurs de ses espaces sont propices à la pratique scénique. Césure possède ainsi trois studios de théâtre et un studio de danse, auxquels s’ajoutent un amphithéâtre pour des formes en frontal, un grand volume rectangulaire de 1 000 m2 et un cabaret aménagé dans une ancienne cafétéria.
Éditorialisée par Plateau Urbain, l’activité culturelle du tiers-lieu s’articulera autour de la création, de la pratique artistique et de la diffusion. Les espaces mutualisés seront mis à profit pour des accueils en résidence (via des appels à projets), la programmation de spectacles ainsi que des ateliers de théâtre ou de danse. « Ces ateliers ne seront pas forcément animés par les compagnies occupantes, précise Alban Senault, responsable de la programmation. Nous avons en effet souhaité faire de Césure un lieu ouvert sur le quartier et ses habitants. Des acteurs extérieurs donneront, par exemple, des cours de tango ou de danse contemporaine, à des tarifs attractifs. » De même, des compagnies en quête de lieux où répéter pourront solliciter Césure, et proposer ensuite une restitution publique. La diffusion inclura des concerts, des petites formes cabaret, des performances, des spectacles pluridisciplinaires ou encore des formats participatifs conçus avec la population et des élèves d’établissements scolaires. Elle se démarquera toutefois d’une programmation traditionnelle, pour accorder une large place à l’expérimentation. « Dans cette optique de transmission des savoirs, de nombreux temps seront consacrés à la présentation d’étapes de travail, afin de permettre au public d’appréhender le processus de création », explique Alban Senault. Lors de rendez-vous mensuels, des metteurs en scène – présents dans le lieu ou conviés par Plateau Urbain – auront la possibilité de tester et partager une création en cours d’écriture. Par ailleurs, la grande diversité des structures abritées par Césure favorisera la l’organisation de cycles thématiques abordés de façon transversale. Le premier, centré sur la question des parentalités, associera des compagnies de spectacle vivant, des chercheurs et penseurs et un Collectif de sages-femmes résidant dans le tiers-lieu. « Nous pourrons aussi y faire écho sous l’angle de l’alimentation, puisque Yes We Camp a aménagé une cantine sur le site, ajoute Victor Houillon, en charge de la communication du projet. Choisir un sujet et le décliner en fonction des différents usages du bâtiment est particulièrement intéressant. »
L’ouverture au grand public devant intervenir en avril, Césure déploie pour le moment sa programmation uniquement à l’intention des quelque 2 000 étudiants qui suivent les cours dispensés, entre autres, par l’Université Paris I, Paris Sciences et Lettres (PSL), l’École de la transition écologique... Dans les semaines à venir, un site internet comprenant un agenda des propositions (toutes gratuites, à quelques exceptions) sera mis en ligne. Conformément au souhait de l’EPAURIF et à la vocation de Plateau Urbain, qui travaille sur l’urbanisme transitoire, le tiers-lieu ne sera pas pérennisé au-delà de deux ans. Un atout aux yeux de ses initiateurs. « C’est ce qui nourrit l’énergie du projet et permet aux équipes artistiques d’envisager autrement le rapport à l’espace et au temps de la création », affirment Alban Senault et Victor Houillon, qui tablent sur la nouveauté et le surgissement permanent pour faire de Césure un lieu culturel aussi atypique que fédérateur.