Selon le dernier baromètre Admical 2020, 72% des entreprises mécènes prévoient de stabiliser leur budget mécénat en 2021. Certaines pourraient néanmoins être rattrapées par leurs difficultés financières.
Depuis 2010, le mécénat d’entreprise ne cesse de croître : chaque année ainsi, 10 000 entreprises supplémentaires en moyenne (près de 12 000 entre 2017 et 2018) se tournent vers cette forme de soutien. Le nombre total d’entreprises mécènes en France se maintient à 9%, pour un montant global des dons compris entre 3 et 3,6 Md€.
Deux éléments contextuels viennent cependant fragiliser l’engagement sociétal des entreprises. Tout d’abord, la réforme de la loi Aillagon intervenue en 2019, qui a limité le taux de réduction fiscale consenti aux grandes entreprises (de 60% à 40% pour les dons supérieurs à 2 M€ par an) et facilité les dons des petites entreprises jusqu’à 20 000 €. Selon Admical, l’instabilité juridique et fiscale induite par cette réforme devrait impacter plus d’un quart des entreprises mécènes, qui envisagent de faire évoluer leur budget ou leur stratégie de mécénat pour s’adapter à ces nouvelles règles. Parmi elles, les PME sont les plus nombreuses à modifier leur action.
Ensuite, la crise sanitaire vient bouleverser les habitudes des mécènes et surtout les pousse à s’interroger sur leur rôle et leurs capacités d’action dans les prochaines années. « Certains mécènes risquent de réduire la voilure ou de réorienter leurs dons, ce qui aura un impact non négligeable sur de nombreux acteurs de l’intérêt général, qui ont besoin du mécénat pour continuer leurs actions dans la culture ou le sport, par exemple », souligne François Debiesse, président d’Admical. 60% des mécènes interrogés par l’IFOP estiment que leur politique de mécénat sera impactée par la crise de la Covid-19 et 87% d’entre eux estiment que l’engagement sociétal des entreprises risque d’être ralenti par la crise économique. Ce ralentissement devrait affecter en particulier les grandes entreprises, qui subissent le double impact de la réforme de la loi Aillagon et de la crise sanitaire.
Face aux très nombreuses sollicitations qui ne manqueront pas d’affluer de la part des associations, une lueur d’espoir apparaît au travers de cet autre chiffre avancé par Admical : 72% des entreprises interrogées prévoient de maintenir leur budget mécénat dans l’avenir, et 10% pensent même pouvoir augmenter le montant de leurs dons en 2021. Seules 14% d’entre elles jugent être dans l’obligation de diminuer leur budget, voire, pour 2%, de le supprimer complètement.
D’autres données cruciales concernent une réorientation des budgets vers le social et la santé, ce qui laisse présager des difficultés majeures pour les autres secteurs de l’intérêt général. Selon 85% des entreprises mécènes interrogées en effet, il est important de privilégier, dans les années à venir, le domaine du social. Lors d’une précédente étude menée par Admical en juin 2020, 41% des mécènes prévoyaient de revoir leur stratégie de mécénat, et 7% étaient même certains de s’engager dans de nouveaux domaines. « Il existe un risque majeur de hiérarchisation des causes par les mécènes », alerte François Debiesse. Aujourd’hui, le social, la culture et l’éducation demeurent les trois domaines prioritaires soutenus par les mécènes et captent à eux seuls 55% du budget global du mécénat.