L’ancienne directrice du Théâtre du Rivage a choisi de s’appuyer sur un vivier d’artistes pour développer un projet transdisciplinaire, apte à irriguer un vaste territoire.
Après presque vingt ans passés à la direction d’une compagnie (le Théâtre du Rivage, basé à Saint-Jean-de-Luz), Pascale Daniel-Lacombe cherchait à donner un nouveau souffle à son parcours. Habituée à travailler avec d’autres artistes, elle souhaitait également se mettre au service d’une équipe en prenant les rênes d’un lieu. Bien que s’avouant aujourd’hui encore « surprise d’avoir été choisie », toutes les conditions semblaient réunies pour la conduire à la tête d’un Centre dramatique national, et particulièrement la Comédie Poitou-Charentes établie dans une région, la Nouvelle-Aquitaine, qu’elle connaissait bien. « Ce CDN à taille humaine est un peu singulier car il ne possède pas de lieu. M’étant toujours beaucoup impliquée sur le territoire, cette configuration me convient parfaitement », souligne Pascale Daniel-Lacombe, qui la mettra à profit pour développer des actions de proximité, proposer un théâtre participatif et immersif et « vasculariser le territoire » grâce à différents partenariats noués avec les acteurs culturels de Poitiers et de la Nouvelle-Aquitaine. « Lors de nos premiers échanges, j’ai perçu d’assez grandes attentes. Il s’agit à présent de savoir comment ces collaborations se mettront en œuvre et quelle en sera la nature », souligne-t-elle, confiante dans la volonté manifestée par tous de contribuer au rayonnement du CDN.
Afin d’impulser son projet centré sur « la vulnérabilité du monde » et les moyens d’y faire face – ce qui induit, à ses yeux, une responsabilité artistique mais aussi sociétale, économique, environnementale… – la nouvelle directrice de la Comédie Poitou-Charentes a décidé de s’appuyer sur un vivier d’artistes associés pendant toute la durée de son mandat. Parmi eux figureront, entre autres, Fabrice Melquiot, Karin Serres, Baptiste Amann (auteurs avec lesquels elle travaille depuis plusieurs années), et la jeune génération incarnée par Delphine Hecquet, Liza Guez, le Raoul Collectif, Marc Nammour… Ces artistes « compagnons », rejoints par beaucoup d’autres, dirigeront différents modules. « Plutôt que de développer un axe spécifique, j’ai en effet choisi d’imaginer quantité de modules, passerelles entre différentes disciplines : théâtre et cinéma, théâtre et danse, théâtre et musique, théâtre et numérique, théâtre et écriture contemporaine notamment pour la jeunesse… », précise Pascale Daniel-Lacombe, désireuse ainsi d’embrasser tous les mouvements que génère aujourd’hui le théâtre autour des écritures scéniques. Un laboratoire de la traduction, animé par Marianne Segol et Karin Serres, sera aussi créé et la directrice souhaite, par ailleurs, initier des tandems de femmes issues de différents horizons comme Jacqueline Laufer, Mathilde Panis, Liza Blanchard, Margaux Lorier, Clara Lauga, Juliet Darremont-Marseau…
Cette permanence artistique, tant recherchée au sein des maisons de théâtre, se verra ainsi démultipliée, au bénéfice du territoire, les créateurs ayant la possibilité d’inscrire sur un temps long les rencontres et les actions avec les habitants. Conformément à sa mission de soutien à la création, le CDN accueillera en outre de nombreux artistes en résidence (un temps fort rassemblera leurs travaux), les accompagnera en production ou en production déléguée, ainsi qu’en diffusion.
Entrée en fonctions le 1er janvier, alors que les lieux culturels demeurent fermés, Pascale Daniel-Lacombe confie traverser cette période avec fébrilité. « Mais ce qui m’arrive est tellement incroyable que l’enthousiasme l’emporte », s’empresse-t-elle d’ajouter. Et ses appréhensions ont été dissipées par l’accueil chaleureux que lui a réservé l’équipe du CDN. Malgré le grand bouleversement qu’a provoqué son départ du Pays basque, la transition s’opère donc aujourd’hui en douceur et lui permet, jour après jour, de prendre ses marques.