Publication de l’Observatoire de l’égalité 2022
Arts de la rue
Cirque
Théâtre
Parution
Si la parité progresse à la direction des établissements publics de la culture, les femmes pâtissent toujours d’un manque de soutien en production et d’une moindre visibilité de leurs œuvres dans les programmations.
Depuis 2013, l’Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication mesure chaque année la place des femmes dans l’administration, les institutions et les entreprises culturelles et médiatiques. Publiée le 8 mars à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, l’édition 2022 met en lumière certaines avancées mais identifient encore plusieurs freins à une pleine égalité.
Postes de direction : les CDN en première ligne
En ce qui concerne la direction des établissements publics de la culture, la parité est en passe d’être atteinte puisque 38% de femmes (et même 41% au 1er février 2022) y sont en poste. Pour les lieux de création et de diffusion des arts plastiques et du spectacle vivant subventionnés par le ministère de la Culture, la part de directrices atteint 36%, soit une augmentation de 5 points par rapport à 2018. Globalement satisfaisante, cette évolution connaît des disparités selon les établissements. Si les Centres dramatiques nationaux enregistrent une nette progression (42% de femmes aujourd’hui à leur tête, contre 22% en 2018), suivis de près par les Pôles nationaux cirque (42% de femmes également, au lieu de 33% en 2018), les Scènes de musiques actuelles (20%), les Opéras (17%), les Centres chorégraphiques nationaux (16%) et les Centres nationaux de création musicale (13%) doivent, en revanche, redoubler d’efforts. Les Centres nationaux des arts de la rue et de l’espace public (CNAREP) sont, quant à eux, dirigés à 31% par des femmes ; un chiffre stable par rapport à 2018, où la part de directrices s’établissait à 29%.
Moyens de production : des montants plus faibles pour les femmes
En légère hausse (36%, contre 33% en 2018), le pourcentage des aides déconcentrées du spectacle vivant accordées aux femmes demeure toutefois inégalitaire. Dans le domaine théâtral ainsi, 40% des récipiendaires sont des femmes, mais celles-ci ne touchent que 28% des aides. On constate, en outre, qu’elles perçoivent surtout des aides au projet (52%) et sont beaucoup plus rares (30%) à bénéficier d’un conventionnement, pourtant indispensable à la structuration de leur activité. Les autrices et traductrices, pour leur part, ont quasiment autant de chances d’obtenir une aide que les hommes (la part des femmes sollicitant le Centre national du livre est de 47%, et elles reçoivent 46% des aides). Le montant de l’aide qu’elles obtiennent est cependant bien inférieur à celui alloué aux hommes : – 15%.
Programmation : les œuvres des femmes moins visibles
L’analyse des spectacles programmés durant la saison 2021/2022 montre que 42% d’entre eux ont été mis en scène par des femmes, et seulement 31% au titre d’autrices. C’est dans le domaine de la réalisation chorégraphique que les femmes sont le plus représentées (46%), tandis qu’elles restent très minoritaires dans la direction musicale (12%), l’écriture de livrets (6%) et surtout la composition (3%). À cette moindre visibilité des artistes féminines s’ajoute une absence criante de consécration artistique : en 2020, aucune femme n’a été récompensée par un Molière dans les catégories metteur en scène et auteur dramatique.
Formation, accès à l’emploi et rémunération
Depuis plus de dix ans, les filles sont majoritaires (62%) parmi les étudiants fréquentant les écoles de l’enseignement supérieur Culture, et aussi nombreuses que les garçons (49%) dans la filière du spectacle vivant. Le taux d’insertion professionnelle des diplômés de ces établissements s’équilibre de même entre femmes (86%) et hommes (82%). Malgré tout, les femmes apparaissent légèrement minoritaires dans l’ensemble des professions culturelles, où elles forment 45% des effectifs actifs. L’Observatoire note, en outre, que la proportion de femmes dans le spectacle vivant diminue inexorablement avec l’âge : elle passe de 48% dans la tranche des 18-24 ans à 41% pour la tranche 35-44 ans, puis à 37% pour les 45-54 ans et 55-64 ans. Cette érosion s’avère constante depuis 2018.
En termes de rémunération enfin, un écart de salaire en équivalent temps plein entre les hommes et les femmes de l’ordre de 12% est relevé dans les métiers du spectacle et de l’audiovisuel (écart de 19% dans le spectacle vivant privé et de 15% dans le spectacle vivant public). Cette différence est quand même moins importante qu’en 2018 et 2019 où elle atteignait 16%. De fortes inégalités subsistent toutefois pour les autrices. Le revenu moyen pour une contribution par répertoire dans les droits d’auteur perçus par la SACD est inférieur de 38% pour les femmes en 2021.
Observatoire de l’égalité entre femmes et hommes dans la culture et la communication. Rapport publié par le Département des études, de la prospective, des statistiques et de la documentation (DEPS) du ministère de la Culture, mars 2022, 72 pages.