Le 11 avril 2022, la SACD et ARTCENA rassemblaient des artistes autour des « Artistes et imaginaires écologiques » 3e étape du cycle « L'écologie de la création en question ». Après avoir évoqué l'écosystème du spectacle vivant, fragilisé par le déséquilibre chronique entre production et diffusion, puis son impact environnemental et les pistes concrètes pour développer des activités éco-responsables, le débat porte ici sur la façon dont les artistes se saisissent des enjeux écologiques à travers leurs créations, dont ils permettent, par l'intelligence sensible, de penser, de témoigner, de représenter cette crise du vivant, et, peut-être, de réinventer le monde.
En introduction de cette table ronde, Gwénola David constate l'écart entre la profusion des informations, études, discours consacrés à l'écologie et le peu d'actions concrètes mises en œuvre dans le secteur culture. Pourquoi les idées et leur partage ne déclenchent-ils pas l'action ? Est-ce la manifestation d'une « crise de la sensibilité », pour reprendre l'expression du philosophe Baptiste Morizot ? Et si oui, quel peut-être le rôle des artistes ?
Une explication possible à cette disproportion notoire serait peut-être à chercher du côté du terme même d'« écologie » qui, étymologiquement, signifie le « discours sur ce qui nous entoure » (du grec oikos, milieu, et logos, discours). Or, l'urgence des changements climatiques nous contraint à ne plus seulement parler d'écologie, mais bien à agir. C’est pourquoi, Julie Sermon, dans son essai Morts ou vifs – Contribution à une écologie pratique, théorique et sensible des arts vivants (2021), préfère parler d'écosophie, un concept que le philosophe norvégien Arne Naess a inventé en 1960 (étymologiquement, la sagesse du monde qui nous entoure) afin de renverser la vision anthropocentriste qu'entretiennent les êtres humains avec le monde du vivant. Dans son essai, l'universitaire s’interroge sur les moyens d'action des arts vivants en matière d'éco-responsabilité.
