Mercredi 25 août 2021, le Festival La Mousson d'Eté et Artcena présentent la lecture de la pièce « À la carabine » de Pauline Peyrade.
Ce n’est pas une réparation. Ce n’est pas une résilience. Parce qu’il y a des points de non-retour, des intolérables. Parce qu’à la violence extrême ne répond pas l’espoir, ni la compassion, ni la compréhension. Parce qu’il y a des choses qu’on ne peut pas sauver, des irréparables. Parce que l’irréparable ne doit pas être un renoncement. Parce qu’on exhorte les soumis-e-s à la non-violence, au silence, à l’humour, à la patience, afin d’éviter que les forces ne se renversent. Parce que les femmes qui usent de la violence deviennent aussitôt des monstres. Parce que ça ne peut plus se passer comme ça. Parce qu’à la violence répond la violence, implacable, furieuse. Le point de départ de l’écriture, c’est l’histoire d’une enfant de onze ans qu’un tribunal français a reconnue consentante à son propre viol. Cette enfant devenue jeune femme, l’écriture l’invite à se faire justice elle-même. La pièce, écrite pour deux femmes, met en scène la jeune fille et son agresseur, un ami de son frère, dans une situation qui dérape, qui n’est pas préméditée, mais dont l’agresseur demeure responsable, pour ne pas dire coupable. Une écriture "à la carabine". Un geste sans détour qui prend la forme d’une prise de possession, prise de la violence par deux femmes, femmes dépossédées de la violence dans leurs luttes, dans les représentations de leur corps, corps désarmés et violentables à merci. Se défendre au point d’être indéfendable, c’est parfois le prix à payer pour ne pas se briser.