Vendredi 13 juillet 2018, Festival d’Avignon, cinquième et dernier débat de la Semaine professionnelle animé par La Scène au Cloître Saint-Louis. Comment les pays européens adaptent-ils leur modèle de politiques culturelles ? De quelles manières certains innovent-ils en la matière ? Comment peut-on envisager d’aller plus loin pour faire vivre la culture ?
Le constat est limpide : en matière de financements de la création artistiques, les investissements publics s’amenuisent sensiblement, voire se tarissent dans la plupart des pays européens. Afin d’adapter leur modèle aux transformations économiques et sociales et pour financer la culture, ceux-ci mettent en place des initiatives qui font davantage appel au secteur privé.
Depuis 13 ans, la Belgique expérimente ainsi le « tax shelter », un système d’incitation fiscale pour motiver les entreprises à investir des sommes conséquentes dans la culture. Selon la RTBF, l'élargissement du mécanisme au spectacle vivant en 2017 a d’ailleurs créé de nouvelles opportunités d'investissements.
Ailleurs en Europe, d’autres dispositifs innovants voient le jour, tels des systèmes de loterie nationale ou encore un « capitalisme éthique » pour contribuer à la vie culturelle de la ville, mais de sont vers des systèmes de mécénat qui, s’ils ne représentent pas encore une manne importante (notamment en France), que les politiques culturelles se tournent actuellement, en déculpabilisant les structures et en organisant la rencontre et le dialogue entre les entreprises et les acteurs culturels. À l'instar du fonds de dotation EDIS, initié par Pascal Keiser, cofondateur de la French Tech Culture et président de la Manufacture à Avignon.
Dans le même temps, l’Europe est en train de redéfinir ses programmes et son budget pour les années 2021-2027. Quelles peuvent être les conditions de la création et de la circulation dans un monde en profonde mutation ? Dans un espace élargi où l’on observe une pluralité des identités ainsi que des désirs et des besoins d’ouverture et de citoyenneté, comment assurer la diversité de la création et donner accès aux œuvres ?
Reste la question du budget européen de la culture (équivalent au prix d’un avion de chasse), bien trop modeste. À l'image des lobbies industriels, n’est-il pas opportun de tenter de rassembler et fédérer les acteurs culturels en vue d’agir pour se faire entendre ? La culture n’est-elle pas l’une des clés qui permettront à l’Europe de relever les défis qui l’attendent ? Les intervenants étaient invités à débattre de ces sujets et à répondre à toutes ces questions.