Aide à la création (printemps 2016)
Née en 1970 à Nouméa, Violaine de Carné passe une partie de son enfance au Togo. Après avoir fait Hypokhâgne et obtenu une Maîtrise d’Histoire africaine à la Sorbonne, elle intègre en 1992 l’ESAD pendant trois ans. Elle élargit ensuite sa pratique artistique au chant, au clown, au masque, au mouvement, par le biais de stages avec des metteurs en scène comme Ariane Mnouchkine, Jean Pierre Vincent, Philippe Adrien, Alain Françon ou encore François Rancillac.
Comme comédienne, elle privilégie souvent les projets de création et joue dans de nombreux spectacles comme «Mademoiselle Julie» de Strinberg (m.en sc/Daniel Amar, Théâtre 95 de Cergy), «Armor d'Elsa Solal» (m.en sc/P. Boulay, T.G.P. de Saint-Denis), «Le Jeune Prince et la Vérité» de JC Carrière (m. en sc/E-A Maillet, CDN de Sartrouville).
En 2009/2010, avec l’auteur en scène François Chaffin, elle joue dans «La première fois que la nuit est tombée» (SN de Saran) et «Nous sommes tous des dictaphones» (S.N de Dunkerque, Scène Conventionnée de Bellac, Théâtre de l’Opprimé à Paris) et en 2012/2014 dans «Hiver de Jon Foss» (m.en sc/E-A Maillet, S.N de La Ferme du Buisson, Théâtres de l’Etoile du Nord et de l’Opprimé, Théâtre de L’Onde à Vélizy et Théâtre 95).
Au cinéma, elle tourne avec Abdellatif Kéchiche dans «La Graine et le Mulet» en 2006 et dans «La Vénus Noire» en 2009.
Parallèlement à son travail de comédienne, ayant soif de 'formes nouvelles', elle intègre la compagnie le T.I.R et la Lyre en 2001 pour inventer sa propre écriture et donner vie à ses créations. Son premier spectacle sera «Revendications Galantes ou le Cabaret des Filles de Joie», spectacle de cabaret théâtre sur les femmes dites 'de petites vertus' mêlant textes et chansons réalistes. En 2003, elle écrira «Chœur d’artichaut ou l’Alchimie du goût», spectacle musical, théâtral et gustatif qui parle d’alliances de saveur, de vin et de fromage. Dans ces deux premières écritures, l’histoire se tisse de textes en chansons, tout en s’appuyant sur un vrai travail de recherche, de rencontre avec des spécialistes sur les sujets abordés dans ces spectacles : la prostitution avec «Revendications Galante», la culture du vin avec «Chœur d’artichaut ou l’alchimie du goût». Ces spectacles ont commencé par se créer dans des lieux atypiques : bars, cabarets, péniches, casinos puis ils ont également tourné dans des Théâtres (Scènes Nationales de Brétigny, de Granville, de Valenciennes, de Douai et plusieurs Théâtres en île de France)
L’écriture, la mise en scène et le jeu se poursuivent ensuite en 2005 avec la création de «L’Encens et le Goudron». Pour l’écrire, elle suit, pendant huit mois, des patients en rééducation à l’hôpital de Garches. Par le prisme des odeurs, elle aborde avec cette pièce un travail autour des troubles du langage et de la mémoire. Ce spectacle aborde un thème qui lui est cher, celui de l’altérité et de la différence. À la musique et au texte s’ajoutent la vidéo et les odeurs.
Nourrie de rencontre, d’échange avec de nombreux parfumeurs mais aussi des scientifiques, des neurobiologistes de l’olfaction tels que Roland Salesse, Didier Trotier et des philosophes comme Chantal Jaquet et Dominique Paquet, Violaine de Carné intègre le projet KODO en 2011. Ce projet de recherche scientifique, philosophique et artistique, financé par l’ANR, questionne les possibilités d’une esthétique olfactive dans les arts qui mettraient en relief nos réactions émotionnelles, nos souvenirs et permettraient de toucher à l’imaginaire et à la création. Pendant trois ans, des scientifiques ont suivi, observé et étudié la réception par le public des créations théâtrales olfactives de Violaine de Carné.
Chantal Jaquet la sollicite d'ailleurs pour rédiger un article sur le théâtre olfactif au sein de l’ouvrage collectif «L’Art olfactif contemporain» aux éditions Classiques Garnier, paru en juin 2015.
L’Encens et le Goudron guide le travail artistique de Violaine de Carné vers la recherche olfactive au théâtre. Elle imagine et met en place des stages d’écriture et de théâtre, avec comme support de jeu les odeurs. Ses ateliers s’adressent à des comédiens professionnels ainsi qu’à un public en difficulté. Ils sont menés dans des centres sociaux (Centre Social d’Athis-Mons), dans des hôpitaux (Draveil, Bligny (91), La Verrière (78), Coubert (77) et Jean Jaurès (19eme), grâce au soutien de la Drac culture à l’hôpital et l’ARS, des écoles (Collège Varese à Paris 19eme, et Lycée Maurice Elliot, Epinay sous Sénart). Des ateliers olfactifs sont menés régulièrement au sein de Culture du Cœur pour favoriser le travail de médiation culturelle.
Avec la Maison d’Arrêt de Nanterre, des carnets de voyage par le bais d’ateliers olfactifs ont été rédigés par les détenus. Un atelier olfactif régulier avec un groupe d’auteurs amateurs à Longpont-sur-Orge s’est poursuivi de 2011 à 2016. Violaine de Carné dit que ‘les odeurs recèlent en elles une part de transgression. Irrépressibles, elles nous envahissent, touchent notre intimité, notre relation à l’autre et nous questionnent ainsi sur l’être que nous sommes. Écrire à partir des odeurs, c’est développer l’écriture autobiographique, l’intimité, l’identité, la singularité, la différence…Une même odeur ne va rien provoquer chez l’un alors que chez l’autre elle va être une source intarissable d’inspiration. Nous avons chacun notre ‘odorothèque’, si singulière, si personnelle, qui dépend des lieux et des communautés dans lesquelles nous avons grandi et des souvenirs bons ou mauvais rattachés aux odeurs. En entrant dans la sphère intime, celle de l’infiniment petit de chacun, en acceptant de retrouver ce qui nous caractérise et nous distingue, on touche parfois à l’infiniment grand, à ce qui nous réunit malgré nos différences et qui fait peut-être notre humanité'1.
Le résultat de ces nombreux travaux d’ateliers, de ses recherches dans le domaine de l’olfaction la mène en 2012/2013, à la création de «Parfums de l’âme». Cette pièce est une exploration du sens de l’odorat autant qu’une réflexion sur la question de l’identité. Elle réunit au plateau sept comédiens, musiques, images et odeurs. Douze odeurs étaient diffusées en salle, tout au long de la pièce. Une étroite collaboration s’est mise en place avec Laurence Fanuel, parfumeuse, pour composer les odeurs du spectacle en lien avec le texte, le jeu et l’univers scénographique. Violaine de Carné et Laurence Fanuel se sont interrogées sur le choix des odeurs, leur place dans la mise en scène, leur rôle dans le spectacle, réalistes ou abstraites, illustratives ou poétiques. La dramaturgie olfactive entre alors en jeu. Violaine de Carné propose ainsi un théâtre qui sollicite un sens autre que la vue et l’ouïe et bouscule les conventions. Elle explique que dès le début de sa recherche sur les odeurs au théâtre, elle a pris 'conscience de leur caractère séparateur’. Excepté les odeurs désagréables, peu d’odeurs rassemblent. Et d’ailleurs, nous ne naissons pas égaux devant l’odeur. Pour autant la subjectivité des odeurs ou la question de la reconnaissance, toujours posée comme une entrave à la diffusion des odeurs, n’est pas, à mon sens le nœud du problème. Le Théâtre, comme d’autres pratiques artistiques, n’est pas un fervent défenseur de l’objectivité. Puisqu’une odeur offre à chacun des spectateurs la possibilité de plonger en lui-même et d’interroger ses propres émotions et ses souvenirs, le Théâtre olfactif doit admettre qu’il ne s’adresse pas au public dans sa globalité, mais au spectateur en particulier. En acceptant ces quelques postulats de départ, il est possible d’esquisser une définition du Théâtre olfactif comme un Théâtre de l’intime, qui commence par diviser les spectateurs pour peut-être, plus tard, les réunir. Émerge alors un sentiment pascalien : la mise en résonance de l’infiniment petit et de l’infiniment grand'2.
Développant le travail sensitif et l’interaction entre différents modes d’expression artistique, Violaine de Carné questionne les rapports entre odeur, mémoire et identité. Dans cette dynamique, désireuse d’aller à la rencontre des publics, elle imagine des visites théâtrales et olfactives 'hors les murs'. Dans ces spectacles déambulatoires, qu’elle écrit, met en scène et joue, elle met en valeur des lieux patrimoniaux et/ou des œuvres d’art, en interrogeant la réception des œuvres par le public, par le prisme de l’odorat. Pour chaque visite, une nouvelle dramaturgie olfactive est écrite prenant en compte la particularité des lieux et des œuvres.
Violaine de Carné poursuit aujourd’hui sa réflexion théâtrale et olfactive, toujours en compagnie de Laurence Fanuel, avec la création en 2017/2018 d’un spectacle jeune public «La Bête et la Belle». Dans cette adaptation contemporaine de 'la Belle et la Bête', la Bête ne sera pas représentée physiquement, mais évoquée et convoquée par la voix et l’odeur. La France est un pays où la mixité sociale et culturelle est importante. Ce personnage devient le porte-parole des marginalisés et soulève des sujets de société tels que l’altérité, les préjugés, les discriminations et l’exclusion. Pour cultiver le respect pour cette humanité variée, souvent peu comprise et marginalisée, Violaine de Carné a conçu des actions, par le biais des odeurs en parallèle de la création «La Bête et la Belle». Elles permettront de développer une réflexion collective et solidaire pour les citoyens de demain.
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1. Article de Violaine de Carné dans L’art olfactif contemporain, sous la direction de Chantal Jaquet, Editions Classiques Garnier, juin 2015.
2. Ibidem.
Créations à la scène
Les visites théâtrales et olfactives, Violaine de Carné, Institut du Monde Arabe, Parc de la Villette, Parc Dupeyroux, Musée de Coulommiers, Moulin Russon, Maison Louis Braille, Maison atelier Foujita, château de Gif sur Yvette, Musée d’Etampes, Domaine de Méréville, Domaine de Chamarande, 2013/2016
Les Parfums de l’âme, Violaine de Carné, Création au Théâtre d’Epinay sous Sénart et à l’Espace des 26 couleurs de Saint Fargeau Ponthierry, Représentations à la Scène conventionnée des Ulis, aux Théâtres de, Sarcelles, Coulommiers, Lecture à la SACD, Présentation du travail à Gif sur Yvette (Théâtre de la Terrasse) et Orsay, 2012/2013
L’Encens et le Goudron de Violaine de Carné, Création au théâtre hôpital de Bligny avec le soutien du Conseil Général du 91 ; Re-création au théâtre hôpital de la Verrière (78) et tournée en Essonne avec le soutien d’Artel, fête de la Science série de représentations au théâtre Berthelot à Montreuil, représentations au théâtre hôpital de la Verrière et d’Epinay sous Sénart, représentations au théâtre de Saint Gratien et la Cité des Sciences, Festival d’Avignon Théâtre des Corps Saints, Reprise du spectacle avec diffusion d’odeurs scène/salle en collaboration avec Perfume Jockey et Laurence Fanuel au Théâtre de l’Etoile du Nord grâce au Soutien en diffusion de la Mairie de Paris, 2006 à 2015
Chœur d’artichaut ou l’Alchimie du goût, Violaine de Carné et Ysabel Fruchart, Création au Festival de Quimper Scène conventionnée de Brétigny-sur-Orge, Péniche Adélaïde, Tournée en France : Théâtres de Granville, Biscarosse, Evian, Aix les bains, Rouen, Le Havre, les Sables d’Olonne etc. , Représentations en Essonne, 2003 à 2008
Revendications Galantes ou Le Cabaret des filles de joie, Violaine de Carné et E.A Maillet
Scènes nationales de Valenciennes et de Douai, Cabaret Sauvage, Espace Comedia tournée dans les bars parisiens, Festival d’Avignon, 1999 à 2003
Prix, récompenses, aides
La Bête et la Belle (titre provisoire), Aide à la Création de textes dramatiques, Artcena, printemps 2016
Dernière mise à jour : 22/7/2016