Cette labellisation vient reconnaître le caractère structurant du projet, à l’échelle locale mais aussi régionale et désormais nationale.
Dès son arrivée fin 2017 à la direction de L’Atelline (Juvignac), lieu dédié aux Arts vivants en espace public – lesquels mobilisent des adresses et des écritures différentes qui concernent aussi bien le champ théâtral ou chorégraphique que des formes qualifiées d’« indisciplinaires » – Marie Antunes s’est attachée à diversifier la programmation, tout en maintenant un fort engagement aux côtés des artistes et de la création. Elle a ainsi développé un projet singulier, qui repose sur trois piliers dénommés « fabriques », en référence à la vocation première de L’Atteline : être un Atelier de fabrique artistique, d’ailleurs labellisé comme tel en 2016. « La Fabrique de la création », tout d’abord, se situe aux prémices du processus artistique, celui de la recherche dénuée de tout enjeu de production immédiate. « Aujourd’hui, les artistes sont confrontés à des changements de paradigmes sociétaux et environnementaux de plus en plus rapides et complexes, précise Marie Antunes. D’où la nécessité, pour les ingérer et les comprendre, de consacrer du temps et des moyens à l’expérimentation. » L’Atelline propose, d’autre part, un accompagnement à l’écriture et à la dramaturgie, au travers de résidences collectives, et est impliquée dans le dispositif Auteurs en tandem porté par Artcena. De façon plus classique, des compagnies sont accueillies pour des résidences de création, assorties d’apports en coproduction. Les nouvelles façons d’envisager le soutien à la création, hors des cadres codifiés de la production/diffusion, se doublent d’une réflexion relative à la permanence artistique sur le territoire. Depuis deux ans, grâce au concours des collectivités territoriales, le lieu déploie une programmation itinérante sur l’ensemble des 31 communes composant la Métropole de Montpellier Méditerranée, en écho à leur diversité paysagère. Cette démarche s’inscrit dans le deuxième volet du projet, « la Fabrique des paysages », qui se nourrit de rencontres avec les populations et convie celles-ci, toujours par le prisme artistique, à s’interroger sur l’environnement, rural ou périurbain, dans lequel elles vivent ; « en partant du principe, ajoute Marie Antunes, qu’habiter un territoire suppose d’accepter d’être habité par lui et qu’il façonne notre manière d’être au monde ». Dernier axe enfin, « la Fabrique du regard » permet de renforcer la relation aux publics et aux habitants (notamment via des actions d’éducation artistique et culturelle) et privilégie des échanges avec le domaine de la recherche et les communautés étudiantes.
Si L’Atelline était bien repérée par les professionnels, l’attribution du label scène conventionnée d’intérêt national Art et création atteste de sa dimension éminemment structurante pour le secteur. Elle devrait en outre favoriser une montée en puissance des financements des collectivités territoriales, celui de l’État se situant déjà, pour sa part, au-dessus du montant plancher accordé aux scènes conventionnées. « Le principal enjeu concerne des travaux de requalification du lieu, dont la Ville de Juvignac est propriétaire, afin qu’il devienne un camp de base, explique sa directrice. Car son territoire premier est certes métropolitain, mais il est également actif au sein de réseaux régionaux et plus largement, grâce à des coopérations, sur les plan national et international. » En intégrant désormais un nouveau cercle, celui des scènes conventionnées, L’Atelline entend bien participer, auprès des structures généralistes, au décloisonnement de la filière des Arts vivants en espace public.