L’USEP-SV et La Scène indépendante alertent sur le relèvement des conditions d’affiliation au régime de l’intermittence demandé par certaines organisations patronales.
Alors que les négociations sur la nouvelle convention d’assurance chômage viennent de rouvrir, l’Union syndicale des employeurs du spectacle vivant (USEP-SV) – qui rassemble Les Forces Musicales, le Profedim, le SNSP et le Syndeac – s’élève contre le projet de protocole d’accord adressé par le Medef aux partenaires sociaux. Dans son chapitre IV relatif aux intermittents du spectacle, celui-ci envisage en effet une hausse de leurs conditions d’affiliation : 580 heures (contre 507 heures actuellement) pour les artistes, et 610 heures pour les techniciens. « Le Medef balaie d’un revers de main l’accord unanime signé entre les organisations d’employeurs et de salariés du secteur du spectacle, le 27 octobre dernier », dénonce-t-elle. L’USEP-SV juge cette proposition non seulement « totalement déconnectée de la négociation des annexes VIII et X qui s’est menée en amont », mais « irresponsable », en ce qu’elle pourrait provoquer « une crise sociale » dans un secteur déjà très fragilisé par la pandémie de Covid-19 et l’inflation. C’est pourquoi elle « appelle en urgence l’ensemble des organisations interprofessionnelles à rencontrer les négociateurs de l’accord unanime du 27 octobre dernier pour que les expertises spécifiques soient prises en compte » et alerte, par ailleurs, la ministre de la Culture sur « le risque social majeur » que fait encourir la position du Medef.
La Scène indépendante s’oppose tout aussi fermement à cette modification des conditions d’affiliation avancée par le Medef, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) et l’Union des entreprises de proximité (U2P). Le syndicat national des entrepreneurs de spectacles s’inquiète de ses conséquences, dommageables à plus d’un titre, pour l’écosystème du spectacle vivant : exclusion d’un pourcentage important de bénéficiaires des annexes VIII et X « qui aurait un retentissement automatique par la réduction du nombre d’artistes et de techniciens disponibles pour servir les spectacles en tout point du territoire » et « appauvrirait considérablement le tissu culturel français » ; découragement des jeunes générations, moins enclines à s’orienter vers des professions culturelles, et notamment vers le spectacle vivant. « À un moment où la France a plus que jamais besoin de développer et de faire perdurer la démocratisation culturelle entreprise depuis plus de
30 ans, le relèvement des conditions d’affiliation aux annexes 8 et 10 reviendrait à freiner considérablement la place de la culture au sein de notre société », conclut La Scène indépendante, qui demande aux partenaires sociaux interprofessionnels de maintenir les termes de l’accord ratifié fin octobre.