Défendant l’idée d’une école très ouverte sur le monde professionnel, la nouvelle directrice s’est également attelée dès sa prise de fonctions à restaurer le dialogue avec les salariés et les étudiants.
Quand d’autres choisissent de taire leurs ambitions, Peggy Donck n’a jamais caché son souhait de diriger un jour le Centre national des arts du cirque (CNAC). « Je ne manifestais pas d’impatience mais y songeais depuis plusieurs années déjà », confie-t-elle, considérant aujourd’hui sa nomination comme « la plus belle chose » qui pouvait lui être donnée. À regarder de plus près son parcours, on comprend mieux l’attachement qui la lie à cette école, où elle a découvert le cirque contemporain alors en pleine effervescence à l’orée des années 2000 et dont elle a ensuite accompagné nombre d’anciens élèves : le Collectif AOC, la Compagnie Un loup pour l’homme et plus récemment (après un détour par le secrétariat général d’Hors les Murs) la Compagnie XY, très impliquée auprès d’artistes émergents. Alors que sa longue expérience de chargée de production aurait pu la conduire à postuler à la direction d’un Pôle Cirque, Peggy Donck a préféré se consacrer à la transmission, « un sujet qui devenait prégnant » estime-t-elle, à ce stade de sa vie professionnelle.
Dans l’enseignement délivré aux quelque 40 étudiants, la nouvelle directrice entend valoriser la singularité de chacun, en insistant sur la dimension artistique de leur apprentissage. Pour ce faire, elle associera à la formation davantage d’artistes, issus de surcroît d’univers très différents : de la danse et du théâtre certes, mais aussi des musiques électroniques, du design ou encore des arts plastiques. Afin, par ailleurs, de préparer très tôt les élèves à leur insertion professionnelle, des partenariats seront noués avec plusieurs Pôles cirque qui les aideront à se familiariser avec des notions administratives (monter un dossier de production, préparer une résidence…) et pourront, le cas échéant, soutenir leurs projets naissants. « Certains proposant des focus sur l’émergence, des collaborations sont envisageables », précise Peggy Donck, dont le regard se tournera aussi vers l’international et, naturellement, les structures du territoire : le Palc et le Festival Furies avec lesquels les liens seront confortés, La Comète, scène nationale de Châlons-en-Champagne, et pourquoi pas Le Manège à Reims. « J’aimerais aussi me rapprocher de l’École des arts et métiers ainsi que d’une école de cinéma et réfléchir aux enjeux du numérique », ajoute-t-elle. Concernant cette fois la formation continue, l’accent sera notamment mis sur la fonction d’administrateur (poste qui fait de plus en plus défaut au sein des compagnies) et la sensibilisation à la législation sur les violences sexistes et sexuelles.
En favorisant le partage d’expériences entre professionnels, acteurs culturels locaux et élèves, en multipliant aussi les temps d’expérimentations et de présentations au public, Peggy Donck souhaite ouvrir grand les portes du CNAC, y insuffler « du vivant et de la joie » après deux années de crise sanitaire particulièrement éprouvantes. Elle a en outre pris la mesure des tensions et du climat de défiance engendrés par le mouvement Balance ton cirque né au sein de l’établissement. Aussi a-t-elle décidé, dès son entrée en fonctions début janvier, de s’entretenir individuellement avec tous les membres du personnel et les étudiants. À la lumière de ce dialogue « passionnant », la nouvelle directrice a acquis une certitude : les orientations qu’elle propose ne sauraient être menées à bien que collectivement. Après un séminaire organisé fin février-début mars, Peggy Donck finalisera son projet d’établissement. « J’en serai bien entendu la garante mais sans rien imposer. Quitte à modifier certaines intentions, je préfère les voir portées par l’ensemble des salariés », conclut-elle.