Trois textes lauréats sont au programme du festival Actuelles, temps fort dédié aux écritures contemporaines du TAPS - Théâtre Actuel et Public de Strasbourg du 15 au 19 mars 2022 : Home movie de Suzanne Joubert, Chaisecabeau de Joan Tauveron et Gloria Gloria de Marcos Caramés-Blanco.
- mercredi 16 mars - 20h30 : lecture de Home movie de Suzanne Joubert (texte lauréat de l'Aide à la création - printemps 2019)
Directeur de lecture : François SmallMusicien : Sébastien Troenlé (piano)
Home movie pourrait faire partie de ces histoires dans lesquelles “la part de conte, quand tout est en jeu, est ce qu’il y a de plus réel“.
Avec : Catherine Javaloyès, Emma Massaux et Jérôme Lang
Scénographes (HEAR) : Charlotte Eraud-Berthaud, Perrine Pateyron, Victoria Jospin et Emile Demerliac
Dans un espace comme laissé en plan, une espèce d’intérieur pas tout à fait fini ou pas encore commencé, se tient un groupe de gens. Ils sont là pour faire ce qu’il y a à faire et ce qu’il y a à faire c’est « dire ce qu’il y a à dire ». Aucun d’entre eux ne semble propriétaire de la parole.
Ils parlent du bonheur d’être là, des atouts de l’endroit, de l’été infini, de porte fermée, de vue incomparable, du rôle qu’ils ont à tenir, de valises bien pleines, de murs infranchissables, de prévisions, d’enfants qui font les pitres, du dedans, et du reste. Le reste c’est le plancher qui vibre, les indiens qui guettent, les bourrasques, la forêt, les léopards, les fantômes, la porte ouverte, le seuil. Et juste au-delà du seuil…les Autres. Arrive alors ce qui devait arriver ou plutôt ce qui avait été imaginé.
- jeudi 17 mars - 20h30 : lecture de Chaisecabeau de Joan Tauveron (texte lauréat de l'Aide à la création - automne 2020)
Directrice de lecture : Florence Weber
Musicien : Paul Barbiéri (trompette, althorn, melodica, trombone, buggle)
Avec : Cathy Bernecker, Pascale Lequesne, Geoffrey Goudeau, Lucie Laurent, Victor Deboeuf et Thaïs Acchione
Scénographes (HEAR) : Prune Krotoff, Yixiao Sima et Luciane PasquesUne fin de journée d'hiver, un Petit et une Petite rentrent de l’école. Le soir tombe et il y a beaucoup à faire : les devoirs, à manger, ranger sa chambre... Trouver Maman. La Petite, aînée, supervise les tâches malgré des moyens et un savoir-faire fluets. Le Petit, benjamin, assiste sa sœur en traînant les pieds. Pour ne pas être aspirés par le vide qui s’étend ici, tous deux le comblent d’enfantillages sérieux : d’ingénuités philosophes en potins écoliers, de corvées en jeux, la vie se ficèle malgré tout. Les Petits se tiennent à leurs obligations trop grandes pour eux. Et si l’ombre cacochyme et lugubre de leur mère viendra hanter leur soirée et éroder leurs cœurs, tout n’est pas triste. Ce n’est qu’une nuit claire-obscure au fond de laquelle les enfants ont la vie qui gargouille.
Vingt-cinq ans plus tard, même lieu. Benjamin retrouve Léonie. Le frère retrouve sa sœur. Elle a gardé la maison ; lui n’y tenait pas outre mesure. À l’occasion de ce rendez-vous annuel, Benjamin a apporté des fleurs. Léonie, compositrice florale de profession, jauge le bouquet. Malgré une complicité évidente quoique bourrue, les échanges sont gourds, l’air lourd. Le déjeuner et l’après-midi occasionneront l’affrontement de souvenirs.
Les époques valsent. L’après-midi des adultes fait lumière sur la soirée des enfants, et inversement. Lorsque ces deux cycles s’achèvent il faudra se coucher ou se quitter. - samedi 19 mars - 20h30 : lecture de Gloria Gloria de Marcos Caramés-Blanco (texte lauréat de l'Aide à la création - automne 2019)
Directeur de lecture : Fabien Joubert
Musicien : Adam Lanfrey (contrebasse, machines)
Avec : Mathias Bentahar, Sandy Boizard, Olivier Dutilloy, Françoise Lervy et Anne-Laure Hagenmuller
Scénographes (HEAR) : Fais Bergez, Ludivine Laustriat et Eliott Aubey
« À ce moment précis de la journée, tu ne saurais être heureuse.
À ce moment précis de ton existence, tu ne saurais être heureuse de préparer la sauce tomate comme d’habitude, sourire et mettre la table, avoir l’air en forme, mener la conversation, continuer à sourire, débarrasser la table, faire la vaisselle, sourire, aller rejoindre ton mec au lit, sourire, avoir un rapport sexuel avec lui s’il en a envie, sourire, dormir, te lever à 5h30, sourire encore en nettoyant la merde.
C’est trop tard en fait.
C’est trop tard. »Personne ne se méfie de Gloria.
Elle mène sa vie en suivant les heures.
Elle met ses talons, part au travail à pied, branche ses écouteurs, roule sa cigarette, regarde l’heure sur son téléphone, tousse, vérifie sa tenue, suit le rythme de la musique et avance.
De toute façon elle est pressée.
Donc elle s’en fout.
Elle marche.
Personne ne se méfie de Gloria.
Pourtant un jour, sans raison apparente, en sortant de chez elle, il fait nuit.
Les choses se passent dans le même ordre que tous les jours, dans le même sens que tous les jours et dans le même silence que tous les jours.
Le réveil sonne à 5h30. Elle s’en roule une. Elle se la grille. Soupir de soulagement.
Gloria Gloria raconte une émancipation du désir par l’excès, le crime et le feu.
Le lendemain, sa meilleure amie Rita prend la parole pour faire resurgir les scènes et démêler avec précision le fil de ces 24 heures électriques et désopilantes d’affranchissement des normes.
Personne ne se méfie du tout.