Une enquête sur les déplacements des publics et les impacts économiques des festivals en Région Sud

La diversité des festivals étudiés, sur le plan de leur esthétique (musique classique, art lyrique, musiques actuelles et électroniques, théâtre), de leur notoriété (locale et/ou internationale) et de leur durée (qui varie de deux jours à trois semaines), entraîne évidemment de grandes différences concernant les profils de publics. Malgré tout, il apparaît que toutes les classes d’âge sont représentées (40% des spectateurs ont moins de 45 ans, 31% appartiennent à la tranche des 45-49 ans, et 29% ont 60 ans et plus), avec un âge moyen des festivaliers s’établissant à 48 ans. Sans surprise, certains festivals de musiques actuelles et électroniques attirent majoritairement des spectateurs âgés de moins de 30 ans, tandis que les 50 ans et plus fréquentent plus volontiers (parfois de façon ultra majoritaire) le Festival d’Avignon (In et Off) et surtout les manifestations de musique classique (La Roque d’Anthéron) et d’art lyrique (Aix-en-Provence). 

L’origine géographique des publics (48% résident en Région sud et 10% seulement dans la ville où se déroule le festival) et la distance parcourue (en moyenne, 267 km) pour participer à un événement varient, elles aussi, fortement d’un festival à l’autre. On observe ainsi que les festivals Les Nuits Carrées, Zik Zac et Marsatac accueillent surtout des habitants de la région et comptent principalement un public de proximité (situé à moins de 20 km), tandis qu’à l’inverse, le Festival d’Avignon suscite majoritairement l’intérêt de spectateurs résidant à plus de 200 km de la Cité des Papes, 27% seulement des festivaliers étant originaires de la Région Sud.

En croisant les données relatives à l’âge et celles ayant trait à la provenance géographique, l’étude constate que les festivals de musiques actuelles attirent un public jeune et de proximité, alors que les festivals de théâtre, de musique classique ou musiques du monde touchent un public plus âgé venant de plus loin. Le festival Les Plages électroniques demeure, quant à lui, un cas particulier puisque son public est jeune, mais qu’une part importante (31%) parcourt plus de 200 km pour y participer.     

Autre indicateur intéressant, qui vient confirmer la grande attractivité exercée par les festivals au-delà de leur territoire d’implantation : le public est composé à 48% de touristes, à 32% d’excursionnistes (c’est-à-dire effectuant un aller-retour dans la journée) et seulement à 20% de locaux. Ces chiffres attestent du rôle majeur joué par ces manifestations dans le maintien ou le développement de l’économie locale (restauration, hébergement, consommations diverses...), ce que montre la seconde partie de l’enquête.

Loin devant les transports doux (23%) et les transports en commun (17%), la voiture constitue le premier moyen (utilisé par 60% des publics) pour rallier le site d’un festival. Fort logiquement, le fait d’habiter ou de séjourner dans la ville de l’événement favorise le recours à des transports doux (à pied, à vélo), tandis que la voiture sera privilégiée pour des trajets depuis une autre ville. Des nuances apparaissent toutefois quand on se penche sur l’âge des festivaliers : les moins de 30 ans recourent davantage aux transports en commun que ceux âgés de 45 ans ou plus, notamment quand ils habitent loin. Par ailleurs, il ressort de l’étude que si la voiture est largement prisée (à 82%) pour des trajets de moins de 300 km, ce constat se vérifie moins lorsque ceux-ci dépassent les 300 km : 45% s'effectuent en transports en commun, contre 55% en voiture.

Le COFEES demeure néanmoins convaincu qu’il est possible d’améliorer l’utilisation des transports en commun ou doux : plus de trois-quarts des adeptes de la voiture estiment en effet que certaines mesures pourraient les inciter à délaisser leurs véhicules au profit de solutions alternatives. Arrive en tête des mesures à prendre, l’amélioration de l’offre des transports en commun en matière de desserte, de fréquence de passage et de coordination. Afin de satisfaire ces demandes, le Collectif des festivals a initié un travail collaboratif aves les Autorités organisatrices de la mobilité durable (AOMD) et les collectivités locales. De leur côté, les festivals vont s’efforcer d’améliorer la communication sur les transports existants, comme le fait le Festival Off d’Avignon avec sa carte interactive. 

Facteur d’attractivité territoriale, chaque festival génère des retombées positives en matière économique et touristique. En 2019, le montant total des charges des festivals (44,2 M€) était légèrement plus faible que celui des revenus (45,5 M€). Les huit festivals étudiés (l’analyse concernant Les Nuits Carrées n’a pas été réalisée) ont recours au total à 390 emplois équivalents temps plein et salarient plus de 2 000 personnes. Globalement, les manifestations événementielles participent au développement économique du territoire avec notamment plus de 11 M€ dépensés en local. 36% des dépenses sont réalisées sur la Région Sud. D’autre part, avec 153 € dépensés en moyenne par festivalier dans les commerces locaux, ce sont au total 62,5 M€ qui sont déboursés lors de la tenue des festivals. Les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration en sont les premiers bénéficiaires. 

Enfin, la présence des 8 festivals a produit un impact économique de 46 M€ sur leurs territoires respectifs, ce qui correspond à la création de 626 emplois équivalents temps plein localement. Les montants sont plus considérables encore quand on additionne les dépenses réalisées dans les commerces locaux et celles acquittées par les organisateurs de festivals auprès de leurs fournisseurs et salariés sur leurs territoires d’implantation : près de 74 M€ sont ainsi dépensés auprès d’acteurs économiques locaux dans le cadre des festivals, et 78,5 M€ auprès d’acteurs économiques de la Région Sud.