L’aventure d’Oposito est tout entière une histoire de rêve et de ville. Des rues, des places, des paysages habituellement fonctionnels sont traversés par des nomades que porte une musique d’ailleurs, par une diva égarée entre éther et bitume, par un troupeau de songe et d’acier…
De la petite forme agile au déambulatoire monumental, Oposito joue depuis quelques dizaines d’années sur toute la gamme des arts de la rue. Peut-être cette plasticité est-elle d’ailleurs sa principale singularité parmi les compagnies historiques du secteur. Car Oposito pratique tout à la fois : la manipulation de jouets urbains qui enchantent la ville, la trituration de la pâte des identités pour interroger la société, la mobilisation des quartiers pour leur rendre la propriété de leur imaginaire…
Depuis presque quarante ans, la destinée d’Oposito se confond avec la biographie de Jean-Raymond Jacob, dont le métier n’est pas seulement l’écriture et la mise en scène de ces rêves. Créateur et fédérateur, il fait d’Oposito un outil à part, qui construit chacun de ses spectacles en agrégeant à ses propres ressources celles d’autres équipes et créateurs. Cet esprit partageur se retrouve aujourd’hui dans le label officiel du CNAREP, dont Oposito a fabriqué jadis le prototype en partageant ses locaux, ses moyens et ses savoir-faire avec d’autres compagnies. Spectacle après spectacle, festival après festival, Oposito et Jean-Raymond Jacob forgent autant des œuvres qu’une éthique et une politique de la création.