Rédacteur Yannic Mancel

Où l’on apprend que Gilles Defacque est né en Picardie, aux confins de la Flandre, terres de labeur, mais aussi de rires et de joie de vivre, qu’un cabaret populaire fréquenté par les ouvriers de l’usine d’en face fut à la fois son berceau et sa bonne fée, et qu’enfin l’éducation nationale et ses profs de lettres d’Amiens puis de Lille furent ses mère et pères nourriciers.

Clown polymorphe et multi-casquettes, Gilles Defacque aime à s’emparer de tous les espaces. Le « pré », dans sa version toscane — prato —, peut établir son aire de jeu partout : la rue, la place publique, les halls d’édifices publics ou privés, l’espace forain, le modeste plateau du théâtre de quartier comme les prestigieuses scènes des théâtres nationaux ou des opéras. Une multiplicité d’espaces qui détermine une pluralité de genres, de formats, de styles... et de publics.

Le clown est un être de chair. La sensibilité est son pays. L’imaginaire et l’affectif aussi. L’histoire du Prato et de son processus de création est une histoire de rencontres, de complicités et d’amitié. Le matériau sur lequel travaille Gilles Defacque est le corps, le vécu et la capacité d’imagination créative que lui apportent les artistes dont il s’entoure. Il les accouche, les magnifie, les invite à la transgression de ce qu’ils croient être leurs limites. Magicien de la chair et des âmes, agitateur et trouble-fête en chef, coordinateur de l’incohérence très ordonnée du propos choisi, telle est la mission que s’est impartie le capitaine Defacque à la barre de son fragile esquif.