Des pavés des rues des années 1970 aux paysages du delta du Rhône en Camargue, les artistes de rue ne s'interdisent rien : territoires, relation au public, formes et esthétiques, ils ont fait de l'expérimentation et du franchissement des limites et des frontières leur leitmotiv depuis bientôt 50 ans. Entre transgressions et mutations, la découverte de ce milieu est une aventure en soi !
L'histoire de l'art et du spectacle vivant est pavée d'innovations, de ruptures, de scandales et de coups de génie. Pour les artistes qui font le choix d'intervenir hors des murs des lieux et espaces dédiés à la création artistique, la transgression, la disruption même, sont de facto des moteurs permanents d'action. Pour qui découvre les arts de la rue, aujourd'hui ou il y a 20 ans, le constat est toujours le même : la diversité des formes, des formats et des esthétiques n'a d'égal que leur renouvellement permanent. C'est sans nul doute la raison pour laquelle les spectateurs se pressent au spectacle, avec une curiosité et un enthousiasme communicatifs.
Du théâtre de rue historique, émergeant dans les années 1970 dans un élan contestataire, à la création en espace public qui investit désormais tous les territoires jusqu'aux paysages, les artistes et les programmateurs font preuve d'une adaptabilité qui ne s'est jamais démentie. C'est possiblement le secteur artistique et culturel le plus résilient qui soit, faisant son miel des mutations urbaines, sociales et sociétales, cherchant encore et toujours à faire écho au monde qui l'entoure, sa matière première. Pour plonger dans ce milieu vivant et vivace, il faut accepter de se défaire de ses idées préconçues (travailleraient en espace public ceux qui n'ont pas eu accès aux salles), renoncer à tenter de définir un périmètre esthétique et formel (les artistes prenant plaisir à le faire bouger en permanence) et donner un peu de sa personne sur le terrain (certaines expériences proposées n'ayant pour limite que la témérité des spectateurs !).