Tony Guéry est un des élus dont le soutien est le plus ferme aux activités et au développement du NTP dans les communes environnant Fontaine-Guérin, son port d’attache. Premier adjoint depuis 2014 et maire de La Ménitré depuis 2020, vice-président de la Communauté de Communes Baugeois-Vallée, Tony Guéry est également secrétaire administratif au collège Molière de Beaufort-en-Anjou où le théâtre occupe une place de choix dans les enseignements et où l’inoxydable Jean Bauné, lui aussi soutien fervent du NTP, créa l’atelier théâtre en 1985.
Quelle est l’histoire des relations entre le NTP et son territoire ?
Tony Guéry : Le territoire a un peu évolué. A l’origine, La Ménitré n’appartenait pas à la Communauté de Communes de Beaufort-en-Anjou. Elle l’a intégré en 2014. Le rattachement d’autres communes a conduit à la création de la Communauté de Communes Baugeois-Vallée en 2017. Tout a commencé en 2013, lors du rachat de la maison de Fontaine-Guérin, devenue depuis Maison du Théâtre pour le NTP. A l’origine, les élus ont souhaité fait confiance à un groupe en leur donne un outil de travail et une subvention. C’était sans doute un peu osé, mais cela offrait un appel d’air différent de ce dont on avait l’habitude sur le territoire. Le NTP déploie aujourd’hui ses activités sur tout le territoire de l’Entente-Vallée, et plus largement dans tout le département : on a à la campagne ce qu’on pourrait avoir à la ville ! Le NTP répond à la globalité de la demande culturelle : il travaille avec les scolaires, avec les troupes locales, les associations, et son temps fort, le festival annuel, a aujourd’hui trouvé son rythme de croisière, avec un public venu de partout, largement au-delà de son attache locale. Le NTP a apporté au territoire une richesse culturelle qu’il n’avait pas avant. Il sert de pont, de médiation : des enfants sont désormais inscrits dans des associations locales pour y faire du théâtre après en avoir pris goût en participant aux stages avec le NTP.
Dans quelle mesure les habitants deviennent-ils spectateurs du NTP ?
Tony Guéry : Le public du NTP dépasse les amateurs de théâtre. Sans doute à cause des interventions faites durant l’année dans les différentes communes. A La Ménitré, nous organisons un temps fort au printemps et le public local répond présent, fait l’effort de venir, non seulement à cause de la facilité géographique mais aussi parce que la troupe a développé des liens avec les habitants, installant un rapport de confiance avec le NTP. D’année en année, on coche les cases dans son agenda pour ne pas rater les rendez-vous. Notre territoire est de ceux que l’on appelle semi-ruraux. Cela signifie concrètement qu’il faut prendre sa voiture et faire au moins 25 kilomètres pour avoir accès aux lieux de culture. Soit faute de moyens, soit faute d’informations, certains habitants ne se déplacent pas : là, ils le font parce que l’offre est sur le territoire et qu’il y a une volonté collective de soutenir le NTP. Le lien est très fort entre les communes, la population et la troupe.
Est-il difficile, pour des élus, de soutenir ce genre d’initiative ?
Tony Guéry : Le plus difficile, pour les élus, est sans doute de soutenir ce qu’on ne connaît pas a priori. En l’espèce, on est face à une vraie proposition professionnelle d’un collectif : cela conforte évidemment la volonté d’action culturelle. Nous accompagnons le NTP selon plusieurs champs : le champ budgétaire avec une subvention de soutien ; le champ matériel, en mettant à disposition salles et matériel dans les différentes communes d’accueil de la troupe lors des interventions et des tournées de printemps et d’automne ; enfin en choisissant d’acheter leurs spectacles plutôt que de faire venir une troupe venue d’ailleurs. Le NTP ne nous demande pas un soutien financier ahurissant mais nous demande plutôt d’accompagner leur démarche : c’est tout à leur honneur ! Le NTP fait globalement consensus auprès des habitants. Ils sont parfois titillés par la programmation mais ils se piquent au jeu. Ils sont même fiers d’avoir le NTP sur leur territoire ! Sans le soutien des bénévoles et de l’association des Amis du NTP, l’ambition serait d’ailleurs sans doute plus mesurée. La buvette, la restauration, l’accompagnement dans la gestion de la billetterie et du placement fait beaucoup.
Quelle importance a la culture pour un élu ?
Tony Guéry : Pour ma part, je coche aussi mon agenda chaque année pour le festival ! La Ménitré accueille par ailleurs le NTP dans le cadre des Mystères de Loire et, en septembre, lors de la Tournée des vendanges, qui tourne dans différentes communes. A chaque fois, carton plein ! Le NTP, c’est presque une marque : le public n’a plus peur des pièces qui auraient pu lui paraître insurmontables. Pour un élu, la culture, c’est essentiel. Comme un produit de première nécessité. Dans notre secteur, il y a toujours eu la volonté de soutenir la vie culturelle et d’éviter que les gens restent chez eux ou aillent ailleurs. La vie culturelle est essentielle pour les territoires ruraux. Le NTP, collectif artistique installé sur notre territoire, est devenu un collectif partagé avec les habitants.