Comparée à la diversité des œuvres littéraires, musicales ou cinématographiques, et des catégories dans lesquelles on a coutume de les ranger, celle des formes de cirque paraît encore pauvre. Mais avec la prolifération des spectacles, nécessairement originaux, elle va elle-même croissant. De manière quasi-exponentielle depuis 2006.
Sans chercher à classer les œuvres en sous-genres – ce qui reviendrait à nier leur irréductible singularité -, du moins peut-on inventorier les dimensions selon lesquelles les formes de cirque se distinguent ou se ressemblent de manière significative. La plus évidente est celle des espaces de représentation : si le chapiteau résiste, avec une petite centaine de spectacles « contemporains » conçus pour la piste et/ou la toile, et une autre centaine de spectacles de cirque classique, ce n’est plus, et de loin, l’espace scénique usuel du cirque : la salle, petite ou très grande, l’a détrôné dans les faits, sinon encore dans l’imaginaire. Un grand nombre de compagnies préfèrent se produire en « rue », on disait jadis en palc, et souvent en plein jour. D’autres n’hésitent pas à investir des lieux insolites : musées, bibliothèques, forêts. Grande nouveauté, le « screencircus » se développe, avec des œuvres audiovisuelles et numériques créées par des artistes de cirque et destinées à être vues, le plus souvent, sur un écran de télévision ou d’ordinateur. Encore ce très bref inventaire laisse-t-il dans l’ombre les multiples formes que peut prendre le chapiteau (tout petit, gigantesque, carré, hémisphérique…) ou la salle (boite noire classique, acteurs au milieu du public, rapport bifrontal, etc.).
Une deuxième différentiation manifeste est celle des formats. Formats de durée tout d’abord, avec le 60 minutes désormais standard, des exceptions comme le 2 heures 30 avec entracte de Circus Remix, solo de Maroussia Diaz-Verbèke, et un format plus récent, le 20 à 30 minutes, qui séduit de plus en plus. On notera avec intérêt que le numéro et le programme enchaînant plusieurs numéros ne survivent plus guère que dans le cirque classique ou le cabaret. Formats de jauge, ensuite, avec des « petites formes » souvent conçues pour un rapport intimiste avec le public, ou des grands spectacles pour plusieurs centaines de spectateurs. Le nombre des artistes en scène varie lui aussi du solo, très fréquent, au grand ensemble, beaucoup plus rare.