Aide à la création - Cat. TRADUCTION (printemps 2013)
Avec Antidote, Nicoleta Esinencu retrace une longue histoire du gaz et du nucléaire, du zyklon B utilisé à Auschwitz jusqu’à Tchernobyl, en passant par les menaces de contamination chimique en temps de Guerre Froide. Mais le gaz, c’est aussi une ressource naturelle qui répond à nos besoins primaires (se nourrir par exemple, se chauffer), c’est une source de vie, que l’on peut détourner en moyen de pression politique. Et c’est au scalpel que Nicoleta Esinencu dissèque l’Histoire, le pouvoir de l’État, la guerre et les conséquences de la chute du Mur : la mise en place d’un autoritarisme post-totalitaire par une nouvelle nomenklatura, apparatchiks de la transition perpétuant et réinventant un terrorisme d’État, plus insidieux et nettement moins saisissable que celui de l’Ex-Union soviétique. À l’Est, le postcommunisme n’est que le prolongement d’une société dans laquelle l’individu reste considéré comme un insecte, le zyklon B, faut-il le rappeler, est à la base un pesticide. L’auteure rend compte de la désinformation, de l’endoctrinement et de la manipulation des masses. L’intoxication aux informations poussant à la paranoïa de l’ennemi invisible – dépourvu d’identité – comme à l’ennemi clairement identifié, ainsi que la propagande inodore, incolore qui s’infiltre sournoisement dans les esprits, fait grandir l’empire de la peur et laisse le racisme, le nationalisme dominer les esprits et les pulsions : la haine des juifs, des Tchétchènes, des Moldaves, ou l’envie de reconstruire le Mur (nommons-la, par exemple, la haine de ceux qui ont été derrière le rideau de fer). Avec ce texte, hautement politique et militant, l’auteure interroge avec justesse les conséquences identitaires du déclin du modèle communiste pour notre Europe contemporaine. Existe-t-il un antidote, un remède pour un projet sociétal viable ? Un appel d’air ?
Personnage(s)
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