Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (automne 2008)
L'idée d'«Arthur, tu t'appelleras Arthur, mon fils» s'est imposée à moi dans la foulée de la mise en oeuvre de «Il m'a collé un scotch sur ma chemise de nuit pour me faire comprendre» (2006). Écrit après une résidence dans le service de gérontopsychiatrie d'un grand hôpital, ce texte était le portrait d'Ariane, une vieille dame qui, pour survivre, devait depuis une cinquantaine d'années se conformer à ce qu'on attendait d'elle : garder secrète la violence qu'elle avait subie enfant et qui l'avait détruite. Littéralement coupé en deux, l'esprit d'Ariane tentait par des actes et des discours convergents de révéler l'origine de son mal pour s'en libérer, mais de manière tellement codée que le secret restait occulte, bien gardé derrière les murs de l'institution psychiatrique où on avait enfermé sa porteuse. Après ce texte qui fonctionnait comme un long lapsus dévoilant sans révéler, j'avais le sentiment d'avoir tourné autour d'un sujet insaisissable.
Arthur s'est imposé comme un prolongement de cette recherche. Comment fonctionne la maltraitance ? Est-ce qu'on peut aborder cette question dans un texte sans passer par l'identification du sujet maltraité ? qui ne ferait que rassurer le lecteur sur sa capacité d'empathie et ne révélerait rien sur les mécanismes de la violence ? Qu'est-ce que la maltraitance ? Y a-t-il de l'amour là-dedans ? Une famille qui permet la violence ne développe-t-elle pas un double langage : d'un côté celui des actes, de l'autre celui de la parole qui viendrait faire écran ? Dans une famille dysfonctionnelle, y a-t-il un agresseur identifiable ? Est-ce aussi simple ? De l'effort désespéré des victimes à se conformer au discours malgré la contradiction des actes, ne naît-il pas une forme de poésie ? [...]