Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (automne 2009)
Canne à sucre est un triptyque de monologues portant sur les petites violences du quotidien, ou comment trois personnages confrontés à un « détail » violent, et récurrent, de trop - un refus, une agression verbale, un manque de respect -, comment trois personnages cherchent à s'emparer de la parole, des mots, pour exprimer leur indignation, leur colère, leur frustration.
D'une première situation qui confine à l'absurde, les voix s'inscrivent progressivement dans le réel.
Un client auquel on refuse cinq grammes de sucre pour son fromage blanc car le sucre ne figure pas au menu qu'il a commandé, tente de démonter l'absurdité du règlement et, surtout, déjouer le plaisir pervers que bientôt, peut-être, la serveuse face à lui, pourrait en retirer.
Une femme assiste seule à une représentation de cirque et se trouve blessée par la réflexion d'une spectatrice, plongée dans un cataclysme intérieur qui l'empêche alors de jouir du spectacle, qui la bouleverserait sinon, désormais parasitée par ses pensées et souvenirs. Blessée aussi d'avoir été poussée à revendiquer sa place, forcée à cette réaction ; ici le pivot des trois monologues : « Je vous en veux de me mettre en position de vous en vouloir. »
Enfin, une caissière, ne tolèrera plus l'absence d'un Merci, d'un Bonjour, d'un hochement de tête. Usant d'abord d'ironie avant de céder à une sincérité brutale, nette, active.
La difficulté de dire deviendra douleur de dire, avant de se muer en devoir de dire. Avant tout, il s'agit de reconnaître, et rejeter, la violence moderne contenue en situations d'abus de position dominante ; l'humiliation et la brutalité d'un pouvoir invisible, désincarné, sur des trajectoires humaines, la résonance de cette brutalité dans l'enfance, au plus intime, au plus individuel.
Personnage(s)
- femme(s) : 2
- homme(s) : 1