Aide à la création - Cat. TRADUCTION (automne 2012)
La pièce, la première importante du jeune dramaturge britannique Nick Gill, laisse entendre une voix majeure tant politiquement que poétiquement. La scène satirique se réinvente sous sa plume. A force d’expressions fossilisées et de situations stéréotypées qui s’ancrent dans une anglicité reconnaissable entre toute, la langue invente du neuf et surtout du vrai sur le monde globalisé, la famille, le racisme. C’est là le paradoxe et le tour de force de cette pièce : être rafraîchissante à force de clichés.
Le premier acte se passe en Angleterre et met en scène les Jones, une famille typiquement anglaise, structurée par le machisme du père, la phobie ethnique de la mère, la frustration sexuelle de la fille et le pédantisme du fils, jeune étudiant. On n’est pas loin de l’univers de Little Britain, au croisement du théâtre de l’absurde à la Ionesco et du nonsense à la Lewis Carroll, avec un brin de réalisme social.
Le deuxième acte entraîne la famille dans une grande ville d’un pays du Moyen-Orient, où Mr Jones doit se rendre parce qu’il vend des armes aux milices locales. Curieusement, la maison n’a pas changé et les préjugés non plus. Le troisième acte se déroule dans le même pays et démarre par le récit cocasse d’un camouflage de cadavre, celui du petit ami noir de la fille Jones. Le ton est plus sombre et l’humour plus grinçant encore.
C’est dans ce troisième acte que Nick Gill montre ce qu’il advient quand les préjugés deviennent des actes, tant au niveau raciste et politique, qu’au niveau sexuel : le jusqu’au-boutisme colonisateur et le freudisme le plus caricatural sont à l’œuvre et permettent à l’extrême violence de cohabiter avec le rire : la comédie éclate alors comme la forme par excellence du tragique. .
Personnage(s)
- femme(s) : 2
- homme(s) : 3