Aide à la création - Cat. TRADUCTION (automne 2008)
Ver à soie
2016
Au début des années 80, les éditions Suhrkamp publient Gertrud, ce texte éponyme de presque mille pages que Schleef consacre à sa mère, - une histoire allemande qui se nourrit du passé, de la mémoire. E. Schleef écrit en 1983 une version scénique qui sera publiée en 2003. Dans l'adaptation théâtrale qu'il fait de Gertrud, Schleef reprend les motifs de sa chronique sur la vie de province en RDA, vue à travers les yeux de sa mère Gertrud, en quête de sens, envers et contre tout : «Eglise, livre, camarade du parti, personne peut dire pourquoi nous vivons. En moi, je suis quelqu'un d'autre, c'est cet autre que j'interroge.» Cette tragédie de sa mère, Schleef la comprime, la rend urgente, vitale : une description minutieuse d'où jaillit une vie, une ville et ses habitants - des images immédiates, à la fois obsessionnelles et changeantes. C'est une plongée dans l'univers mental de Gertrud, cette femme et mère, vieillissante et seule, qui s'ennuie de ses fils qui l'ont abandonnée dans et à sa province est-allemande. Une femme qui, avant tout, s'ennuie de la vie - et de la liberté. Dans l'interminable complainte sans larmes qu'elle entame, Gertrud se raconte : elle joue staccato les mouvements de sa propre vie, passée et présente, en la considérant à la fois avec une rudesse désarmante et un humour impitoyable - pour en faire le chant d'un oratorio allemand tout particulier où, derrière la réalité d'une vie, se révèle une réalité politique qui ne connaît pas la conciliation.
Personnage(s)
- femme(s) : 5