Aide à la création - Cat. DRAMATURGIE PLURIELLE (printemps 2016)
Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. Il se trouve que l'homme est noir. C’est quoi, un Noir ? Et d'abord, c'est de quelle couleur ? La question que pose Jean Genet dans Les Nègres, cette femme va y être confrontée comme par surprise. Et c'est quoi, l'Afrique ? Elle essaie de se renseigner. Elle lit, elle pose des questions. C’est la Solange du précédent roman de Marie Darrieussecq, Clèves, elle a fait du chemin depuis son village natal où tout le monde était blanc.
L'homme qu'elle aime est habité par une grande idée : Il veut réaliser l'adaptation cinématographique de la nouvelle de Conrad, Au coeur des ténèbres. Et partir tourner le film en Afrique. La scène se passe à Los Angeles, ils sont acteurs, tous les deux. Il veut sortir des studios d'Hollywood et plonger dans la forêt. Solange va le suivre dans cette aventure, jusqu'au bout du monde, au bord du fleuve Ntem.
Le sujet d'Il faut beaucoup aimer les hommes est double. C’est avant tout la rencontre, l'amour, la passion. L’intensité vitale des sentiments et l‘attente, la difficulté du rapport à l'autre dans ce désir extrême de rapprochement, la douleur psychique, cette douleur féminine le plus souvent : que devient l'être quand il est occupé par quelqu'un d'absent ?
Mais c'est également la question du racisme qui hante le roman comme une ombre portée sur la réalité. Le racisme furtif et quotidien. La manière dont l'Histoire — le colonialisme, l'esclavagisme — s'immisce à l'intérieur du couple, à l’intérieur des corps. Il faut beaucoup aimer les hommes se situe là, à cette intersection et se pose comme une question : Comment l'histoire des peuples habite les individus dans ce qui les traversent de plus intime ? Comment la sensualité amoureuse nous parle en même temps du souffle, de la caresse et de la marche des sociétés humaines avec son lot de souffrances, de déchirements, de bruit et de fureur ?