Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (printemps 2007)
Ce que j'essaie de dire, depuis «Trachées», c'est la difficulté que nous affrontons, habitants d'aujourd'hui de cette planète Terre, à vivre simplement, à simplement vivre. Si la question des pauvres est plutôt de comment survivre, celle des riches est de trouver une sens à l'existence, dès lors que nous sommes démunis des idéaux qui semblaient jadis justifier les existences. Dans cette époque post-moderne, dans cette société de consolation, à l'heure du virtuel et de la toile ; dans ce monde en crise perpétuelle dont ceux qui nous ont mis au monde ont perdu les clés, comment construire encore, inventer encore, être encore vivants ? La question est moins futile qu'il n'y paraît, tant la réponse conformiste-bourgeoise de repli sur soi et les «valeurs» que l'utopie «jeuniste écolo-révolutionnaire» ont prouvé avec éclat leur faillite masochiste. Dans un monde qui se pense comme civilisé, mais dont les pulsions animales resurgissent au moindre détonateur [piétinements humains dans les matchs de foot, rixes lors des grèves de RER, viols collectifs en Cités ou sur la place publique égyptienne, massacres, guerres et génocides, etc.], la question est aussi celle de la liberté. Car vivre, c'est vivre libre. De tout temps il a été utile de répondre à l'idéal socratique du «connais-toi toi-même», mais plus que jamais il nous faut acquérir une lucidité collective sur le macro-environnement auquel nous sommes, indéfectiblement et chaque jour de plus en plus, liés. Le fil conducteur qui relie «Trachées, les animaux et Innocence» est la possibilité du meurtre. La question plus particulière qui anime «Innocence» est celle de l'ambition et de la puissance. [...] Exercice de lucidité et de réflexion autant que traduction personnelle et subjective d'une vision du monde, invitation au débat et conclusion provisoire d'un parcours entamé avec «Trachées», «Innocence» atteindra son but si la pièce nous parle à tous, à un niveau ou à un autre, de ce monde dans lequel nous vivons. En cela plus «politique» que «Trachées» [psychologique] et «Les Animaux» [Métaphysique], la pièce n'atteindra vraiment son but que si, en effet, elle fait rire.
Personnage(s)
- femme(s) : 7
- homme(s) : 14