Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (printemps 2016)
Une histoire qui pourrait être dite à haute voix par un homme au téléphone.
L’histoire d’une femme aimée qui se serait jetée par la fenêtre et d’un garçon qui croyait
entendre la voix de Dieu.
On le voit vivant mais il est peut-être déjà mort.
Il boit, il dit qu’il ne boit pas mais il boit.
Il est dans la solitude des villes.
Il voudrait parler de l’amour de ceux qui ne sont pas aimés.
Ce serait peut-être la période de noël et il y aurait de la neige.
Il s’appelle Ismaël.
Il est seulement un.
Pour être deux il faut être écouté par un autre.
C’est pour ça qu’il appelle au téléphone un dramaturge, Claude, pour rêver l’histoire qui doit
être chaque jour.
Ismaël lui raconte des déformations du réel, comment il voit dans le dos d’une ville un désert
et les taxis affublés de producteurs de films.
Il raconte n’être pas né et attendre le Christ pour se venger de cette vie horrible.
Il entend la voix d’un ange qui le sollicite en lui tapant sur l’épaule droite dans un rayon de
lumière pour l’envoyer au djihad.
Il dit n’avoir plus confiance dans les mots et aspire à tuer le monde qui est en lui.
Puis Ismaël raconte Cléopâtre son amour, qui s’est jetée par la fenêtre ; c’est l’événement qui
dérègle sa réalité.
Il invente un monde parallèle où il la sauverait avec Perceval.
Il voudrait réaliser un film et il ne réside plus que dans fiction qu’il écrit.
La neige sans cesse envahit l’image et recouvre le sol pour adoucir la chute de Cléopâtre.
Un voile léger de neige s’entrouvre à l’instant du saut dans le vide et il ouvre les yeux :
Ismaël est devenu cheval, le cheval au galop de Perceval qui attrape Cléopâtre par la taille
avant qu’elle ne tombe au sol.
Le sang de Cléopâtre est convertit en neige et la disparition de l’être aimé n’est plus ce
spectacle horrifiant.
Peu lui importe maintenant que le film se fasse, Ismaël vit de visions.
Cheval, il voyage parmi les rêves des défunts.
Mais Claude connait les métamorphoses (il était passé par Beckett.) Il montre son souci pour
le jeune Ismaël transformé en Perceval assis dans le bus avec son épée brillante, et l’empêche
de sombrer dans une solitude qui l’appelle.
Ensemble ils imaginent des mondes de ténèbres et des mondes de joie.
Quand Claude s’en va en voyage, il remet entre les mains d’Ismaël les clés de l’imagination
des endroits où il part.