Aide à la création - Cat. DRAMATURGIE PLURIELLE (automne 2011)
Jean était musicien ; Jeanne Roualet, sa petite-fille, est graphiste. Comment trouver le point de jonction entre ces deux langages, le carrefour entre musique et typographie ? Comment transcrire graphiquement les mots de Jean, leur donner la possibilité de devenir des notes ? Comment faire de sa pensée une musique ?
Jeanne Roualet a mis au point un processus de transcription graphique des dernières paroles de Jean, celles qu'il lui répétait chaque soir au téléphone, peu avant sa mort : elle a isolé au sein des caractères (empattements, ponctuations) les formes rondes ; puis, les lignes d'écriture sont devenues des portées musicales, et les points des notes. Sur cette partition graphique, Edouard Ferlet a composé une musique originale, pour piano et chant, fidèle à la mélodie de Jean. Les mots de Jean projetés sur la toile de fond trouvent un écho dans le texte de Fabrice Melquiot, qui tisse une histoire entre ces mots, ces points et ces notes. Ce ne sont plus seulement les mots de Jean, étiolés, rares, fatigués, mais ceux d'un écrivain qui transcrit dans son style ce qu'il perçoit de ce Jean, par delà le silence... un Jean universel. Sur scène, musique, chant, images, texte recomposent la figure de l'absent, lui donnent un nouveau souffle, en dessinent la constellation. A la croisée des genres et des générations, Jean est un travail de transcription artistique, qui tente de rendre compte sensiblement de la réalité d'un être, de ce qu'il suscite, de ce qu'il transmet.