Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (automne 2011)
Actes Sud-Papiers
2012
1. Nous sommes donc dans une chambre d'hôtel. Au fond, une salle de bain, le bruit de l'eau qui coule, une petite fille et sa mère, allemandes. C'est la veille de Noël, c'est l'heure du bain, on entend des histoires pour enfants allemands, on entend la mère et la fille chanter, rire - mais : on ne joue pas avec le robinet d'eau chaude, répète Susann. Le téléphone sonne, Susann répond, quitte la salle de bain et s'avance dans la chambre, elle entend mal ; toute à son coup de fil, une urgence, elle n'entend plus sa petite fille, elle n'entend plus l'eau qui coule de plus en plus fort - elle n'entendra pas tout de suite le silence de son enfant.
Cut. Lorsqu'on retrouvera Susann, on sera revenu en arrière, chronologie inversée, scène russe avec son partenaire de l'époque, elle est encore enceinte de l'enfant qu'on vient d'entendre.
2. Noir, orage. Le téléphone sonne à nouveau. Sonne. Sonne encore. Cette fois, c'est Wolfgang qui se précipite hors de la salle de bain, il décroche enfin - personne. Il rappelle. Parle anglais, ce n'est pas sa langue, accent américain, il semble hors de lui et harcelé. Traqué, au moins par cette voix (- de l'Amérique !) Il évoque une fête et ses revenants, sa mère il y a longtemps, une bombe humaine. Il ne sait pas où il est. Il se rend brutalement compte qu'il est enfermé dans cette chambre d'hôtel étrangère, volets fermés. Cut. Chronologie de hasard, on le découvrira plus tard avec une actrice. C'est sa compagne ; réalisateur, il lui fait faire des essais de scène à coups de gifle, ensemble ils cherchent la violence, ad nauseam, l'émotion, tout s'éprouve - et ça bascule à l'annonce d'une mort ; un accident. À moins qu'il ne rejoue une scène d'enfance. Sa mère n'est jamais loin.
3. C'est l'après-midi. La vitre est légèrement fêlée. Rayon de soleil. Entre Hannah, une chanteuse sans âge accompagnée de sa petite fille, Myrah, une trentaine d'années. Elle est venue pour un dernier concert, un dernier voyage. On a l'impression qu'elles ne se connaissent pas si bien ; peut-être ne parlent-elles pas la même langue maternelle. Elles lisent ensemble une brochure locale trouvée sur la table de nuit. Elles se racontent l'histoire de cet hôtel, irrigué par une source miraculeuse et construit à deux pas d'une falaise aux suicidés.
Personnage(s)
- femme(s) : 8
- homme(s) : 3