Aide à la création - Cat. TRADUCTION (automne 2009)
Les Solitaires Intempestifs
[Bleue]
2010
Une mystérieuse entreprise vend sur Internet des greniers en kit permettant de vivre coupé du monde. Un homme dont le frère s'est suicidé cherche à retrouver le «criminel» qui les fabrique. Son enquête le mènera jusqu'au constructeur - son alter-ego -, à l'issue d'un défilé de personnages loufoques, touchants ou inquiétants, qui se croisent dans l'espace clos du «grenier» où se déroule toute la pièce.
D'abord mis en vente dans un salon spécialisé, l'ultime refuge du suicidé connaîtra des usages divers : une lycéenne maltraitée par ses camarades l'installe dans sa chambre ; deux détectives style «Dupond et Dupont» y font la planque, avant d'être remplacés par deux samouraïs surgis du passé qui leur ressemblent étrangement ; une jeune femme déboussolée s'y enferme pour se protéger des germes extérieurs, excluant ainsi jusqu'à son mari ; un pervers y séquestre, au vu et au su de sa mère, une toute jeune fille ; des SDF y élisent domicile ; deux membres d'une mission humanitaire égarés sur un champ de bataille s'y dissimulent ; deux alpinistes y trouvent refuge lors d'une tempête de neige fantasmatique... Un lien se noue peu à peu entre ces différentes saynètes menées sur un rythme enlevé, et l'on découvre finalement que ce «grenier», qui concentre toutes les pathologies d'une société japonaise profondément aliénée, peut également devenir source de liberté et de poésie lorsqu'une imagination enfantine s'en empare.
«Quand nous étions enfants, dit le personnage du frère aîné, mon frère et moi voulions construire une machine à voyager dans le temps. Pour pouvoir aller partout et tout voir». L'imagination est la seule liberté qui nous reste, semble conclure Sakate, tandis que le grenier redevient celui de la vieille maison familiale et que s'achève, sur le bruit du vent soufflant sur les ténèbres, cette pièce à la fois onirique et ancrée dans un monde très actuel.