Aide à la création - Cat. DRAMATURGIE PLURIELLE (automne 2015)
Les vêpres algériennes est une réadaptation libre de la bande dessinée éponyme de Nawel Louerrad, parue aux édition Dalimen en 2012, à Alger.
Elle confronte l'impossibilité d'une identité à la violence, dans ce qu'elle a de plus insaisissable. Elle trace les contours d'une mémoire vacillante et endolorie par une nouvelle guerre qui ne disait pas son nom et qui s'est interposée en un temps incertain. Cette guerre en huis clos c'est la décennie noire des années 90 et ses 150 000 morts.
Sur scène trois hommes, comme la représentation d'un seul et même homme, vu sous trois regards historiques simultanés : l'indépendance, les années noires, aujourd'hui. Dans une temporalité qui s'étend jusqu'à n'être plus que sa propre image, c'est ici le trajet de leurs pensées qui est mis en abîme.
Embourbés dans les matérialités de leur grand ordinaire, ces hommes-machines accomplissent en contrepoint leurs quotidiens, dans une mécanique corporelle répétée autant que répétitive. Un trio qui se protège autant qu'il se rejette, jonglant avec les phrases où les personnages se croisent sans même se regarder à celles où ils se méprisent jusqu'au désir inéluctable de tuer l'autre.
Leur théâtre-dansé, fusionnel et schizophrénique joue avec une scénographie graphique et mouvante au rythme de leurs corps. Tandis que les transformations de leurs costumes paraissent peu à peu comme le reflet de leur décadence psychique, le retour à l'homme-animal.
Des espaces se créent ainsi, en ligne sur le fond de scène, en vibrations sonores, de l'intérieur vers l'extérieur. De leur chambre à la lune en seulement quelques traits, quelques pas, la frontière est fine.
Ici, seuls les gestes comment alors, du levé au couchez du soleil se propage une onde de mouvements et de réactions en chaîne. Tout se mélange puis toute cette énergie se dissipe, entraînant les hommes-machines vers un nouveau sommeil lourd et profond.
Personnage(s)
- homme(s) : 3