Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (printemps 2007)
Flammarion
[Poésie/Flammarion]
2005
Le simple nom de Médée fait surgir une multitude d'images liées à la femme trahie par l'homme à qui elle a tout sacrifié, à l'espèce de sorcière capable de tuer ses propres enfants, un être en proie à l'humanité, torturée par toute la question de l'humain. Médée est la femme venue d'ailleurs : La Barbare. Aussi, l'ai-je nommée Médéa. Dès le début, il y a la nécessité d'expliquer qui est Médéa, expliquer ce qui ne s'explique pas : l'Apatride. D'où l'écho à l'Algérie, à la guerre d'Algérie, un écho seulement ; il n'y a pas de transposition à proprement parler. J'essaie d'exposer l'obsession d'une plainte, d'un «porter-plainte» qui agite entièrement l'existence de Médéa. Comme dans la tradition [Euripide, Sénèque] on ne dit pas tout, c'est brossé à grands traits. M'importe le présent de l'action où se meut une étrange étrangère : l'Orientale. L'Autre, aux pouvoirs surnaturels, magicienne ou sorcière : image ancestrale et vive, actuelle ô combien de la femme.
«Je t'ai montré les oiseaux qui attirent la charogne Le ciel où sont les oiseaux qu'attire la charogne J'ai déployé un drap de parole j'ai figuré dans la roche rouge la trace des ancêtres Pour le père à qui m'unissait la force des serments j'ai prié Je t'ai nourrie de lait et de miel et de figues violettes Plusieurs fois j'ai déchiré ma robe pour te soigner une blessure J'ai un à un caressé tes orteils couvert ta jeune nuque d'un habit de baisers Je te menais aux fêtes par la main maquillée de henné Aux murmures des lèvres on se parlait chaque nuit Tes yeux attisaient une joie Une joie qui me déchirait d'orgueil et de douleur Il me semblait avoir le pouvoir d'arrêter les balles qui sifflaient parfois au-dessus du logis De la terre notre terre notre terre en murs sous le ciel J'essayais d'imaginer le père et son combat Et moi je pourrissais les morceaux de ma vie.» [Extrait]
Personnage(s)
- femme(s) : 3
- homme(s) : 4