Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (automne 2010)
L'action se déroule dans la demeure californienne de Vollmann, véritable citadelle blindée, un ancien restaurant des faubourgs de Sacramento assiégé par des SDF. Passée une exposition ouest américaine, nous voyageons alors sur place, en compagnie de cette humanité « samplée », aux quatre coins du monde, chacun des huit acteurs reconstituant à sa façon - selon l'angle de vision le plus juste compte tenu de l'état de richesse dans lequel il se trouve à cet instant - les situations de pauvreté ultime dans les zones les moins fréquentables de la planète.
Comment représenter les pauvres ? On peut leur faire jouer leur propre rôle, mais c'est concrètement impossible. Alors, comment ne pas tricher avec le réel ? En dessinant les contours de leur irreprésentabilité scénique, on jette les bases d'une analyse spectrale, donc scientifique de l'essence de la pauvreté. Et la profonde originalité de Vollmann, c'est de réaliser un test de dépistage transversal sur les cinq continents, pour déterminer des correspondances ou des écarts entre les réponses à une question type : « Pourquoi êtes-vous pauvres ? ». On pourrait se demander d'ailleurs pourquoi Vollmann exclut de son cercle d'étude, certains de ses compatriotes américains les plus démunis.
Dans la forme retenue, il s'agit de faire jouer justement, aux pauvres mitoyens de la résidence américaine de Vollmann, tantôt les vrais pauvres du reste du monde, tantôt les faux riches qui émanent de la pensée de l'écrivain, ces quatre influences intellectuelles majeures qui l'ont guidé dans sa réflexion : Marx, Montaigne, Adam Smith et Aristote. Jouer des riches qui jouent des pauvres jouant à encore plus pauvres qu'eux, la limite en la matière ne pouvant être atteinte, c'est mettre en scène nos propres défaillances et donc notre pauvreté à nous, les riches. Ne dit-on pas que les parallèles se rejoignent à l'infini ?
Personnage(s)
- femme(s) : 6
- homme(s) : 4