Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (automne 2015)
Transmission, petite histoire des objets des morts ne raconte pas une histoire mais plusieurs. On y entend des bribes de conversations, de témoignages où les destins de chacun se heurtent à l’histoire d’une nation. Ces fragments de vies posent une question centrale : qu’est-ce qui se transmet de générations en générations ? De quelles histoires, de quels silences, de quels déplacements de populations sommes-nous issus ?
Le texte tisse donc une polyphonie de voix d’héritiers, toutes générations confondues, face à un héritage et aux questions qu’il soulève sur leur place dans leur famille, leur pays. 2000 cassettes vidéo obsolètes, des meubles de collection, un carnet du Stalag, un cendrier, une listes de course avant un suicide, des cahiers de transmission ou un secret de famille : trier, c’est choisir ce qui mérite d’être retenu dans la vie d’un autre. Garder un objet, c’est élire un souvenir. Les héritiers mettent eux-mêmes en scène cette mémoire, la représentation théâtrale devenant l’occasion inespérée de dramatiser son histoire personnelle. Cependant le devoir de mémoire s’avère plus encombrant que les objets : qui veut se souvenir de l’accueil désastreux des républicains espagnols ; du retour discret des prisonniers des Stalags, des survivants de la Shoah ; du silence sur la guerre d’Algérie ? Les « sales immigrés » d’hier peuvent-ils entendre les éclats de voix des derniers arrivés ?
Souvent le mort dont on parle est présent, il rajoute son grain de sel et range ses archives. Une fanfare accompagne elle aussi les héritiers. On la convoque ; on la prend en otage, on lui demande de prendre parti ou d’évoquer les anciens dancings désertés. Ses rengaines font apparaître des silhouettes anciennes dans les corps d’aujourd’hui.
Personnage(s)
- femme(s) : 3
- homme(s) : 3
- enfant(s) : 1