Aide à la création - Cat. TEXTE DRAMATIQUE (printemps 2014)
C’est l’histoire d’une famille qui habite une ville du cercle polaire et ils ont un ami prétendument docteur. Jusque là tout va bien. En fait, ce n’est pas vraiment une famille, car on s’aperçoit que la femme est mariée avec un ours. Pourquoi pas ? Il travaille dans une banque. Coïncidence : deux célèbres banquiers arrivent en ville. Plus tard, ils s’écharpent avec un prix Nobel d’économie, un vrai, dont l’auteur a lu les ouvrages. Revenons au docteur, bibliomane – une note de bas de page l’atteste – qui aimerait emprunter de l’argent pour assouvir sa coupable passion. De son côté, le narrateur révèle que le docteur est un brillant neurologue, pervers. La grand-mère – on ne sait de qui – est férue d’Hitler. Il y a encore un enfant, mais il n’a pas une ligne de texte à dire. On parle aussi d’un chien qui renifle les bas de pantalon. Finalement, on s’embourbe vite dans le résumé. L’histoire, comme une charrette lourdement chargée, patine dans des ornières détrempées. L’essentiel, c’est le spectateur – ou le lecteur – qui se fait trimbaler. Il s’accroche, a l’impression d’avoir déjà entendu ça, mais n’en est plus très sûr : il ne se passe pas grand chose, et parfois il décroche et rêvasse. C’est bien. On lui raconte une histoire décomplexée, comme si on allait chercher du pain en slip. Il y a plusieurs histoires qui s’amusent : histoire de la langue qui se dérobe et dérape dans la bouche des personnages ; histoire de l’histoire qui n’en finit pas de se répéter et qui avance par reculades successives ; histoire du spectateur qui résiste ou se laisse emporter. Facile : il résiste quand le sens lui résiste ou se laisse emporter en acceptant la complexité, la rémanence, les réminiscences, l’examen discret de son voisin de fauteuil ou son propre intérêt.
Personnage(s)
- femme(s) : 2
- homme(s) : 5